La situation en Libye inquiète au plus haut point l'Europe, qui craint désormais pour sa sécurité en raison de l'implantation d'une multitude de groupes terroristes, dont Daech, qui pourraient utiliser ce pays comme base de lancement à leurs futures attaques contre le sol européen. Une mise en garde, dans ce sens, a été lancée par le Premier ministre français, Manuel Valls, lors d'un congrès de sociodémocrates à Madrid, selon lequel le terrorisme en Libye constitue une menace directe pour l'Europe. Selon lui, la menace viendrait du fait, de la création sous le nez de l'Europe, et non loin de ses frontières d'"un nouveau repaire pour le terrorisme", ce qui nécessiterait "un effort de défense" de la part de l'ensemble communautaire afin d'endiguer le risque de propagation du terrorisme à chacun de ses membres. Pour s'en convaincre, le Premier ministre français dira que "le terrorisme jihadiste s'est installé dans nos sociétés occidentales", et "l'islamisme radical nous a déclaré la guerre", évoquant les deux séries d'attaques inspirées par l'islam radical qui ont frappé la France et le Danemark depuis le début de l'année, avec 17 et 2 morts respectivement. Ces craintes européennes sont confortées par les analyses de nombres d'experts des questions militaires et stratégiques. "La Libye est aujourd'hui le plus grand foyer terroriste au monde", affirme notamment, Mazen Chérif, expert tunisien des questions militaires et stratégiques. Un diplomate libyen en Europe explique, pour sa part, que "la Libye constitue le point géographique le plus proche de l'Europe où sont apparus des mouvements terroristes et le principal point de passage de l'immigration clandestine". Et d'ajouter : "Il faudrait imaginer ce qui se produirait si, dans chaque bateau de migrants, un ou deux terroristes se glissaient..." La menace de Daech d'envoyer 500 000 migrants en Italie, en guise de dissuasion contre une éventuelle intervention étrangère en Libye, telle que portée au gouvernement de ce pays, est à ce titre prise très au sérieux. "Si ces mouvements parviennent à contrôler la côte libyenne — la plus longue d'un pays d'Afrique du Nord sur la Méditerranée avec 1 955 km — ce sera le chaos en Méditerranée", avertit le diplomate qui a requis l'anonymat. "Les gouvernements occidentaux sont effrayés par des foyers, des sanctuaires qui sont en train de se créer sur le même modèle à chaque fois lorsque l'Etat s'effondre" et qui peuvent devenir une menace pour la région et servir de base pour "préparer des attentats contre l'Europe", explique Arthur Quesnay, expert en sciences politiques à l'université parisienne de la Sorbonne. "C'est une nébuleuse qui est en train de se construire", explique Arthur Quesnay, selon lequel "pour l'instant, il ne semblerait pas qu'il y ait un commandement unifié". Mais la communauté internationale a écarté l'option militaire contre l'EI en Libye, du moins dans l'immédiat, prônant au préalable une solution politique sous l'égide de l'ONU. Une option que prônent les voisins immédiats de la Libye, notamment l'Algérie et la Tunisie, pour lesquelles la solution à cette crise passe inévitablement par le dialogue politique. A. R.