Partenaires il n'y a pas si longtemps pour un règlement de la crise libyenne par la voie du dialogue dans le cadre d'une initiative des pays voisins de la Libye, l'Algérie et l'Egypte n'ont plus la même vision. L'option militaire est désormais privilégiée par Le Caire. Etats influents de la région et pays limitrophes de la Libye, l'Algérie et l'Egypte divergent, désormais, sur la manière de régler la crise qui secoue ce pays. Chargé chacun d'un volet, les questions sécuritaire et militaire, y compris la surveillance des frontières pour l'Algérie et de contacter la classe politique et les composantes de la société civile en Libye en vue de faciliter la mise en place d'un dialogue national pour l'Egypte, Alger et Le Caire ne sont plus sur la même longueur d'onde. En effet, en frappant le groupe terroriste Daech sur le territoire libyen, le président égyptien Abdelfattah al-Sissi s'est rangé, dès hier, du côté des partisans de la solution militaire en demandant au Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution pour mandater une intervention militaire internationale en Libye. "Il n'y a pas d'autre choix", sinon ce pays va se transformer en "terreau" du terrorisme et menacer, outre son pays, "le bassin méditerranéen et l'Europe", a martelé le "Raïs". Du coup, c'est l'option diplomatique, prônée par l'Algérie, qui risque de partir en vrille, même si les Etats-Unis continuent à lui apporter leur soutien. Lundi, le jour du bombardement par l'Egypte des positions de Daech en Libye, les Etats-Unis ont appelé à une solution politique du conflit dans le pays. Cet "acte haineux", en référence à la décapitation des 21 Coptes égyptiens, souligne l'urgente nécessité d'un règlement politique du conflit en Libye, a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest. Ce dernier a fait part du "ferme appui" de Washington aux efforts déployés par le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Bernardino Leon, "pour faciliter la formation d'un gouvernement d'unité nationale et aider à favoriser une solution politique". La position américaine est également partagée par les Nations unies. Du moins, jusqu'ici. L'option militaire en préparation ? Reste à savoir maintenant si ce changement de cap opéré par l'Egypte ne répond pas à un agenda extérieur pour une intervention militaire en Libye, en cette période où se multiplient les appels en ce sens. Moins de vingt-quatre heures avant cette sortie médiatique d'Abdelfattah al-Sissi, l'Italie avait annoncé son empressement à diriger une coalition internationale en Libye. "L'Italie est prête à guider en Libye une coalition de pays de la région, européens et de l'Afrique du Nord, pour arrêter la progression du califat qui est parvenu à 350 km de nos côtes", avait déclaré le ministre de la Défense, Roberta Pinotti. Bien qu'elle ne semble concerner que les opérations menées contre l'organisation terroriste Daech en Irak et en Syrie, la réunion des responsables militaires occidentaux et arabes, qui se tiendra aujourd'hui et demain, dans la capitale saoudienne donne davantage de crédit à l'option de l'intervention militaire en Libye. Cette rencontre de deux jours rassemblera "tous les pays impliqués" dans les frappes menées, sous la conduite des Etats-Unis, contre l'EI. "Ce sera une évaluation générale de la situation actuelle et de ce qui doit être fait" dans la prochaine étape, a-t-elle ajouté. Il va sans dire que pour la coalition contre Daech l'excuse est toute trouvée, avec la présence confirmée de la branche de l'Etat Islamique à Derna en Libye, pour imposer la solution militaire dans ce pays, comme cela a été le cas dans tous les pays où la sinistre organisation d'Abou Bakr al-Baghdadi a semé la terreur. M.T.