Les cours du pétrole vont remonter légèrement. Ils se situeront autour de 70 dollars le second semestre 2015, prédit l'expert français. Les pays producteurs de pétrole, Opep, affectés par la chute des prix du pétrole, à l'instar de l'Algérie, devraient nouer des alliances avec les non-Opep comme la Russie, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan pour baisser la production et augmenter ainsi les cours du brut. C'est ce qu'a préconisé Pierre Terzian, spécialiste pétrolier, patron de la revue Pétrostatégie, au cours de la conférence donnée hier sur les tenants et aboutissants de la chute des prix du pétrole. "L'Algérie le fait déjà", a-t-il ajouté. Mais quelles sont les chances de réussite de l'initiative algérienne ? Une incertitude. En attendant que cet effort porte ses fruits, des pays comme l'Algérie et la Russie subissent de plein fouet les effets de cette nouvelle crise pétrolière. En supposant que les prévisions de Pierre Terzian s'avèrent justes, en clair, un niveau de 70 dollars au second semestre 2015, contre environ 60 dollars aujourd'hui, l'Algérie perd 18 milliards de dollars, soit des recettes autour de 42 milliards de dollars, une chute de 30%. De quoi poursuivre la dégradation de la situation financière du pays avec des clignotants macrofinanciers au rouge : déficit de la balance des paiements, déficit du budget et pressions sur les réserves de change et le taux de change du dinar avec des risques de dévaluation de la monnaie nationale et, partant, une forte probabilité de toucher au pouvoir d'achat des ménages. À l'origine des maux des pays producteurs de pétrole, la position de l'Arabie saoudite. Elle a adopté une stratégie de défense de parts de marché. Elle veut, également, réduire les productions marginales. En un mot, elle veut freiner l'augmentation de la production américaine de pétrole de schiste, voire fermer les puits américains de pétrole de schiste. Cette stratégie est perdante. En 1986, cette stratégie de défense de parts de marché n'a pas permis de freiner l'augmentation de la production de la mer du Nord. Qui plus est, les producteurs de pétrole de schiste américain ont du ressort. Ils peuvent fermer les puits si les prix baissent et les rouvrir si les cours remontent. "Même à 100 dollars le baril, l'Algérie aura des difficultés" À l'origine de la position saoudienne, le pacte- sécurité de l'approvisionnement contre sécurité du Royaume, qui remonte aux années 40 entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, risque d'être remis en cause. Les Etats-Unis vont devenir de plus en plus indépendants du pétrole saoudien. Ce qui inquiète l'Arabie saoudite. L'influence des marchés financiers contrarie également cette stratégie. Les producteurs de schiste américain vendent par anticipation leur pétrole. En un mot, sur des contrats à terme, c'est à échéance 2015-2016. Ils courent pour une bonne partie jusqu'en 2016. Le prix fixé est de 68 dollars pour l'échéance 2015, 78 dollars en 2016. Ils résistent ainsi à cette chute des prix où ils risquent la faillite en raison d'un seuil de rentabilité des gisements de schiste entre 50 et 60 dollars. Pierre Terzian, dans ce sens, estime que les prix du pétrole vont évoluer par palier de 10 dollars, 70 dollars en 2015, 80 dollars en 2016. Un niveau de prix du pétrole à 70-80 dollars ne pourra pas rétablir la santé financière du pays. "Même à 100 dollars, l'Algérie connaîtra des difficultés financières", commente-t-il. Le problème se situe dans les hésitations des dirigeants du pays à procéder aux changements politiques et économiques qui placent l'acte de production et la liberté d'investir au cœur de la redynamisation de l'économie nationale, au nom d'une logique rentière. K. R.