La déclaration d'Alger, signée par les personnalités libyennes, a eu pour première conséquence la suspension des négociations entamées au Maroc par les deux Parlements rivaux, à la demande des représentants de l'Assemblée internationalement reconnue de Tobrouk. Initialement programmée mercredi, la reprise des discussions entre les parlementaires libyens représentant les deux Assemblées rivales semble repoussée aux calendes grecques. En effet, des représentants du Parlement internationalement reconnu de Tobrouk ont confirmé jeudi leur demande de report de la nouvelle session de dialogue entre parties rivales, prévue au Maroc, pour la formation d'un gouvernement d'unité nationale en Libye. En dépit de la mise en œuvre de préparatifs en matinée et la présence de nombreux médias à Skhirat, station balnéaire proche de Rabat, cette demande de report du dialogue entre Parlements rivaux a faussé les calculs de la diplomatie marocaine. "Nous voulons un délai d'au moins une semaine (...) Il n'y a pas de désaccord fondamental sur un point en particulier, mais nous avons besoin de plus de temps", a expliqué à la presse Mohammed Sharif, un des membres du Parlement internationalement reconnu, qui siège. "Les négociations préalables sur un gouvernement d'unité nationale, les arrangements de sécurité et le Comité sur la Constitution ne sont pas terminées. Nous ne pouvons pas préparer une liste de noms (pour le gouvernement) en trois jours seulement", a-t-il également indiqué. Parallèlement, deux membres du Congrès général national (CGN), le Parlement sortant que le gouvernement installé par la coalition de milices Fajr Libya a réhabilité à Tripoli, ont critiqué la méthode de l'émissaire onusien. "Nous sommes troublés par la façon dont M. Leon gère les négociations entre les parties. Il y a une sorte de parti pris, une tendance à imposer un avis", a affirmé l'un d'eux sous le couvert de l'anonymat, estimant que les dernières recommandations du CGN avaient été négligées. Ainsi, la réunion d'Alger, qui a rassemblé des chefs de partis politiques libyens et d'autres personnalités influentes dans ce pays, a fait bouger les lignes en Libye, notamment après les nombreux soutiens internationaux apportés à l'initiative algérienne. La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, a salué les "efforts" de l'Algérie pour avoir organisé une réunion interlibyenne. Auditionnée par le Parlement européen au sujet de la situation instable en Libye et ses conséquences régionales, Mme Mogherini a estimé que même si "parfois certaines initiatives ne font pas la une des journaux, il faut reconnaître qu'un travail substantiel est mené". Elle a rappelé aux eurodéputés, réunis en session plénière à Strasbourg depuis le 9 de ce mois, que des chefs de partis et des militants politiques libyens se sont réunis à Alger, mardi et mercredi, sur la question. Mme Mogherini a salué, à ce propos, la "reprise" des négociations interlibyennes sous l'égide de l'envoyé spécial des Nations unies, Bernardino Leon, et ce, tout en confirmant le soutien de l'UE à ses efforts et son rejet de l'option solution militaire. Elle n'a pas manqué d'évoquer la prochaine rencontre à Bruxelles réunissant les maires, les élus locaux et régionaux libyens qui sont à même d'accompagner le dialogue politique engagé. Dans le même cadre, l'ancienne présidente de la sous-commission des droits de l'homme au Parlement européen, Barbara Lochbihler, a invité l'UE à soutenir "particulièrement" l'Algérie, en tant qu'"Etat de la région qui s'efforce de lancer un dialogue politique en Libye". M. T.