Des représentants du Parlement internationalement reconnu de Tobrouk ont confirmé jeudi leur demande de report de la nouvelle session de dialogue entre parties rivales, prévue au Maroc pour la formation d'un gouvernement d'unité nationale en Libye, en proie au chaos. Malgré la mise en œuvre de préparatifs en matinée et la présence de nombreux médias à Skhirat, station balnéaire proche de Rabat, cette demande de report du dialogue entre Parlements rivaux tenait la corde jeudi soir, en l'absence de communication officielle du médiateur onusien. Selon des participants, l'émissaire des Nations unies, Bernardino Leon, est arrivé au Maroc en soirée. Un membre de la délégation onusienne a toutefois indiqué à la presse qu'aucune prise de parole n'interviendrait avant vendredi. Auparavant, des membres du Parlement internationalement reconnu, qui siège à Tobrouk (est de la Libye), avaient confirmé leur volonté de repousser la reprise du dialogue. Nous voulons un délai d'au moins une semaine. Il n'y a pas de désaccord fondamental sur un point en particulier, mais nous avons besoin de plus de temps, a expliqué à la presse Mohammed Sharif. Les négociations préalables sur un gouvernement d'unité nationale, les arrangements de sécurité et le Comité sur la Constitution ne sont pas terminées. Nous ne pouvons pas préparer une liste de noms (pour le gouvernement) en trois jours seulement, a-t-il ajouté. Parallèlement, deux membres du Congrès général national (CGN), le Parlement sortant que le gouvernement installé par la coalition de milices Fajr Libya a réhabilité à Tripoli, ont critiqué la méthode de l'émissaire onusien. Nous sommes troublés par la façon dont M. Leon gère les négociations entre les parties. Il y a une sorte de parti pris, une tendance à imposer un avis, a affirmé l'un d'eux sous couvert d'anonymat, estimant que les dernières recommandations du CGN avaient été négligées. Les délégations avaient eu la semaine passée des discussions indirectes puis directes à Skhirat, l'ONU évoquant des progrès importants. Elles avaient néanmoins sollicité une pause dans le dialogue afin de rentrer en Libye dans le but de consulter les Parlements. Des pourparlers indirects avaient déjà eu lieu le 11 février à Ghadamès dans le Sud libyen, les premiers du genre depuis le lancement du dialogue national fin septembre 2014. En début de semaine, des personnalités politiques libyennes ont également participé à une réunion en Algérie, appelant à l'arrêt immédiat des opérations militaires. Livrée aux milices depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 après huit mois de révolte, la Libye est le théâtre de combats entre les différentes factions, mais aussi entre milices et forces pro-gouvernementales. Depuis des semaines, elle est en outre le théâtre d'attaques revendiquées par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) qui contrôle des pans entiers de territoire en Syrie et en Irak.