La procession des éleveurs qui ont innové en la circonstance en se faisant accompagner de leurs vaches et leurs chèvres s'est ébranlée depuis la placette du stade du 1er-Novembre pour rallier le siège de la wilaya. Ils étaient plusieurs centaines d'éleveurs bovins et caprins de la filière "viande et lait", issus d'une dizaine de wilayas du pays à descendre dans la rue et battre le pavé, jeudi dernier, à Tizi-Ouzou pour exiger la dissolution des conseils d'administration des chambres d'agriculture locales et nationales ainsi que la rectification des dispositions du décrets exécutif n°10.2014 fixant le statut des chambres d'agriculture, particulièrement l'article 53 comme ils réclament la modification de la conjonction de subordination "ou" par "et" relative à la nomination par leurs hiérarchies des fonctionnaires membres de l'assemblée générale des chambres d'agriculture ainsi que la rénovation de l'ensemble du circuit agricole qui nécessite par là même la réorganisation fondamentale de la profession. La procession des éleveurs qui ont innové en la circonstance en se faisant accompagner de leurs vaches et leurs chèvres s'est ébranlée depuis la placette du stade du 1er-Novembre pour rallier le siège de la wilaya, et ce, en empruntant les artères principales du centre-ville sous le regard amusé et les applaudissements des citoyens visiblement surpris et apparemment épatés par cette manifestation d'un genre nouveau. Dans une lettre adressée au Premier ministre, les éleveurs protestataires interpellent "les plus hautes autorités du pays, en cette journée du 19 Mars, pour une prise en charge participative et responsable de l'activité". "Les éleveurs producteurs de lait, laissés-pour-compte dans les montagnes et les zones rurales, abandonnés à leur sort, condamnés dans leurs fermes et exploitations à traire des chiffres et à battre les statistiques, constituent le poumon de l'industrie lourde hors hydrocarbure au seuil de l'agonie", pouvait-on encore lire dans la lettre adressée à Abdelmalek Sellal tout en relevant par conséquence qu'"il est nécessaire et urgent de prendre en considération la valorisation durable de l'activité d'élevage bovin et l'agriculture de montagnes par une organisation réfléchie et l'abolition de l'esclavage moderne et de la hogra". À cet effet, ces éleveurs énumèrent un ensemble de recommandations pouvant aider la régulation du créneau comme ils demandent au Premier ministre un entretien dans les meilleurs délais car, soulignent-ils "le désarroi des éleveurs et des agriculteurs prend de jour en jour des proportions alarmantes. Le ministre de tutelle refuse de voir l'âpre réalité en face. Les conséquences sont imprévisibles". Enfin, il est à signaler que cette marche de protestation a réuni des éleveurs venus des wilayas de Béjaïa, Bouira, Boumerdès, Skikda, Batna, Blida, Rélizane, Mila, Jijel, Sétif, Khenchela, Alger, M'sila et Tizi Ouzou auxquels se sont joints les membres et adhérents de l'Union de wilaya de Tizi Ouzou des paysans algériens et les membres du Conseil régional des interprofessionnels de la filière lait de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Boumerdès et Bordj Bou-Arréridj. La manifestation s'est achevée par un sit-in pacifique devant le siège de la wilaya de Tizi Ouzou. K. T.