L'association la Plume Libre des journalistes et correspondants locaux de Médéa a rendu un hommage appuyé au journaliste et poète M'hamed Aoun, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté d'expression. Le poète, dont la biographie et les publications figurent dans un grand nombre d'anthologies de la poésie algérienne, a commencé l'aventure poétique au moment où l'Algérie venait de connaître une nouvelle page de résistance contre l'envahisseur. Publiant des poèmes dans des publications diverses, c'est dans la revue Affrontements, propriété d'une organisation ouvrière qui soutenait l'indépendance de l'Algérie, que ses premiers poèmes sont portés à la connaissance du public. Ce fut par la suite au tour de la revue Courrier de la Méditerranée — qui se proposait de livrer des réflexions devant faciliter le rapprochement des peuples des deux rives — de publier quelques-uns de ses poèmes. Après l'indépendance, plusieurs journaux et revues (dont El-Moudjahid, El-Djeich, Le Chroniqueur) l'ont fait découvrir au public en lui ouvrant leurs colonnes. Les anthologies consacrées à la poésie algérienne de Denise Barra, Jean Déjeux, Mustapha Toumi, Abdelmadjid Kaouah font référence au poète Aoun et soulignent le caractère prolifique du verbe et de l'utilisation des symboles pour décrire les situations concrètes traversées par l'Algérie. Né en 1927 à Aïn Bessem, il fit des études à Aumale (Sour El-Ghozlane) qu'il dut interrompre en 1944 pour se livrer à des activités politiques en militant dans le mouvement du Manifeste algérien et, par la suite, dans des organisations clandestines tels le PPA et le MTLD. Poursuivi par la police, il fuit vers la Tunisie où il s'inscrit à la Zeïtouna de Tunis pour apprendre les rudiments de la langue arabe, côtoyant des étudiants qui deviendront plus tard des responsables politiques du pays, tels que Mehri, Mouloud Kacim, etc. En 1951, il se rend en France où il trouva un emploi dans un foyer estudiantin, tout en mettant à profit son séjour pour suivre les cours dispensés par Albert Memmi et Jacques Berque, alors professeurs au Collège de France. Il se mit à l'apprentissage de la littérature, y compris la littérature germanique, et à s'intéresser à toutes les formes de connaissances se rapportant à l'art et à la culture. Il prendra une part active à la création de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) en France aux côtés de Taleb Ibrahimi, Mostefa Lacheraf, docteur Amir et tant d'autres. M'hamed Aoun ne souhaite rien d'autre que la publication de ses poèmes épars, considérant que seule la poésie permet de "mieux habiter la terre", même s'il a cessé d'écrire. M. E.