Résumé : Mordjana subira une deuxième séance de massage. Plus en forme, elle supportera mieux les frictions de Lla Sakina sur son ventre dont les muscles se ramollissaient. Mimouna l'attendait... Ensemble, elles revinrent à la maison, alors que Ameur rendait visite à sa bru qu'il mettra en garde contre toute récidive de scènes dans sa maison, sous peine de lui couper les vivres. Ameur avait rendu visite à sa bru pour la mettre en garde contre un éventuel retour chez lui... Il n'avait pas été de main morte pour sermonner Saléha et la menacer de lui interdire tout aide financière, si elle ne se comportait pas correctement avec Mordjana. Saléha avait écouté silencieusement les reproches et les mises en garde de son beau- père. Elle respectait Ameur, mais ne pouvait se retenir de lui lancer des reproches de temps à autre ou de le mettre au pied du mur pour lui soutirer quelques sous. Le vieil homme se laissait souvent influencer par les arguments qu'elle avançait, car il n'aimait pas savoir ses petits-enfants, endormis le ventre vide, ou se rendre à l'école sans les affaires requises, ou sans chaussures. Mais cette fois-ci, il se montra imperturbable. Saléha ouvrit la bouche pour se justifier, sans pouvoir placer un mot. Ameur avait brandi sa canne, et parlé d'une voix forte et autoritaire. Une voix qu'elle connaissait bien, car elle reconnaissait dans ses éclats, le degré de la colère. Elle se confine donc dans un mutisme qui n'augurait rien de bon, mais qui renseignait aussi sur ses appréhensions. La veille de son retour à la maison, Mordjana est agréablement surprise par la visite de sa sœur Maroua. Après d'émouvantes retrouvailles, cette dernière reproche à sa sœur son silence à son égard : -Je ne savais pas que tu étais venue. Maman ne nous a rien dit. Depuis que je travaille, je ne suis plus aussi libre dans mes mouvements qu'auparavant. J'ai rencontré Laïd ce matin, et c'est lui qui m'avait appris ce qui s'était passé entre notre mère et toi. Quelle honte ! Elle ne pouvait donc pas discipliner sa langue au moins le temps de ton passage chez nous ? Mordjana tapote l'épaule de sa sœur : -Ce n'est rien, j'ai déjà oublié. -Non, mais tu te rends compte du mal qu'elle te fait ? -Elle est comme ça, que pourrait-on y changer ? C'est son caractère. -Tu peux le dire... Saléha devient de plus en plus égoïste et jalouse des gens heureux...Même avec moi, elle devient distante, et a été jusqu'à interdire au reste de la famille de me rendre visite. -Toi ? Pourquoi ? Je pensais qu'elle ne pouvait me supporter, car pour elle, la grande ville m'a métamorphosée au point de la dénigrer. Et puis, il y a aussi Samir qu'elle trouve hautain et snob mais toi, je ne comprends vraiment pas. -Je te dis qu'elle devient égoïste, peut-être même, un peu folle. Elle mesure le degré de sa malvie à notre bonheur. Mordjana soupire : -À son dernier passage, elle a insisté pour connaître les raisons de ma venue... J'ai fini par lui avouer que je n'arrivais pas à concevoir un enfant. C'était la goutte qui avait fait déborder le vase. Elle n'avait cessé de me reprocher mes mises en garde contre ses grossesses répétées, et trouvait que ma stérilité n'est ni plus ni moins qu'un châtiment divin. Tu devines que la conversation avait tourné au vinaigre. Grand-mère est intervenue pour la remettre à sa place, ce qui avait attisé sa colère. La jeune femme se tut. Maroua lui entoure les épaules : -Ne t'en fais pas. Un jour, tu auras des enfants, et tout cela ne sera qu'un mauvais souvenir...Aller dis-moi, pourquoi ne m'as-tu pas contacté ? -Je ne voulais pas te déranger, j'ai appris que tu travaillais. -Oui... je suis secrétaire dans un CEM. -Tant mieux pour toi, tu pourras au moins t'affirmer au sein de ta famille. -Oui... je me sens bien plus utile maintenant que j'ai décroché un job. Le travail en lui-même est une thérapie pour le moral. Elle sourit : -Comment va Samir ? -Bien, on s'appelle tous les jours. -Il t'aime tant. Je suis sûre qu'il souffre bien plus que toi de cette situation. -Et je souffre justement de le voir souffrir en silence. Elle regarde sa sœur puis lance : -Grand-mère m'a emmenée chez une matrone pour des massages. Il paraît qu'elle est douée pour ce genre de choses. Je me sens comme revivre depuis que je me rends chez elle. Durant trois séances, elle n'a pas lésiné sur des conseils utiles dans mon cas. Maroua hoche la tête : -Ces rituels font partie de nos traditions. Tu dois y croire de toutes tes forces si tu veux réussir dans tes tentatives d'avoir un enfant. -C'est ce que Yemma Mimouna n'a cessé de me répéter que la science n'a rien pu faire, autant se tourner vers les traditions. -Parfois, cela marche vraiment. Je connais beaucoup de femmes qui désespéraient d'avoir un enfant, et qui ont fini par atteindre leur objectif en recourant à ces méthodes traditionnelles. -J'ai tout tenté Maroua, tout ce qu'on m'a conseillé. Cette dernière épreuve n'est pas pour me décourager... -Eh bien, je souhaite de tout mon cœur que cela marche pour toi. Elles passèrent un long moment à palabrer, avant que Maroua ne se lève pour rentrer chez elle. Mordjana la serre dans ses bras, et réitère ses conseils quant au comportement qu'elle devrait adapter envers son mari et sa belle-mère. (À suivre) Y. H.