Résumé : Malgré sa volonté d'être agréable, Mordjana se heurte à l'animosité de sa mère. Safa, sa jeune sœur, la trouve transformée. C'est la goutte qui fait déborder le vase. Sa mère lui dit que si Samir l'avait soignée, c'était pour éviter la honte qu'il ressentait lorsqu'il la présentait à ses connaissances. Mordjana ne put retenir sa colère. Safa regarde sa sœur, puis se retourne vers sa mère : -Maman... Cesse de pleurer... C'est toi qui a provoqué Mordjana... On jurerait que tu n'es pas contente de la voir parmi nous. Saléha allait répondre, lorsque Maroua entre brusquement dans la cuisine. Elle saute au cou de sa sœur aînée et la serre fortement dans ses bras : -Mordjana ! Tu es enfin là... ! Mais regardez-moi comme elle est belle ! Une vraie splendeur ! Puis remarquant les larmes qui brillaient dans ses yeux, elle se retourne vers sa mère : -Que se passe-t-il ? Qu'as-tu donc fait à Mordjana, maman ? Sa mère secoue la tête avant de baisser les yeux. Maroua insiste : -Que se passe-t-il ? Pourquoi pleures-tu Mordjana ? Safa s'interpose : -Ce n'est rien Maroua... Tu connais maman... Elle n'a jamais été contente de sa vie... Mordjana est devenue une véritable citadine, et cela ne semble pas l'enchanter... -Comment... ? Tu n'es pas contente de voir ta fille heureuse, maman... ? Tu oublies que c'est elle qui t'a secondée dans notre éducation. Elle a sacrifié sa vie et ses études pour s'occuper de nous tous... Toi tu n'étais bonne qu'à mettre un enfant au monde chaque année... Pauvre Mordjana... Elle vient de faire un si long voyage pour recevoir une douche froide à son arrivée dans sa famille... -Je ne lui ai rien dit... C'est elle qui m'a accusé de l'avoir mise au monde avec sa tache sur la joue. Comme si c'était moi qui l'avais façonnée. Maroua fronce les sourcils : -Vous parlez encore de ce douloureux souvenir ? Pourquoi ? Pourquoi remuer les cendres du passé, alors que le présent et l'avenir semble plus attrayants ? Mordjana se mouche puis s'essuie les yeux avant de lancer : -Cela suffit... Oublions ce qui vient de se passer... Pardonne-moi maman. Je suis la seule fautive dans cette scène... Je n'ai pas pu contrôler mes nerfs... -Il y a de quoi, s'écrie Maroua... Tu es restée si longtemps absente de la maison, et voilà qu'on te reçoit avec des jets de pierres... -Non... Moi aussi je n'ai pas su garder ma langue... Je me suis emportée... -Tu es stressée ma sœur... -Un peu... Le voyage m'a fatiguée... Laïd qui revenait du marché dépose sur la table un couffin plein de fruits et légumes. Il avait aussi acheté de la viande de chamelle et deux poulets. Il met la main à sa poche, et retire quelques billets qu'il tendit à sa sœur : -Voilà ta monnaie... Je n'ai pas tout dépensé... Mordjana repousse sa main : -Tu peux garder ces billets Laïd. Merci pour les courses. Content de lui, Laïd sourit : -C'est un plaisir de te servir ma sœur... Ton mari dort encore ? -Oui... Il est fatigué et ne s'adapte pas encore au climat du Sud. -Je voulais lui faire visiter la ville... -Tu le feras plus tard. à son réveil, il aimerait sûrement découvrir la cité... -Djamel pourra les accompagner, lance Maroua, qui ne voulait pas rester en retrait... Mordjana lui sourit : -Cela va mieux entre vous maintenant ? Elle hausse les épaules : -Bof ! Je tente de faire front à toutes les situations... Je pense à l'avenir de mes enfants. -Très bien pensé... Comment vont-ils donc ? Ils ont dû grandir. -Oui... L'aîné va déjà à l'école, et le second aura cinq ans le mois prochain. -Déjà ! Comme le temps passe vite ! -Tu oublies que cela fait déjà deux années depuis que tu as quitté la maison Mordjana. -Oui... Je me le disais moi aussi. (À suivre) Y. H.