Le processus des réformes économiques est appelé à subir prochainement de profonds changements à tous les niveaux. Le plan de restructuration des sphères dirigeantes, la hiérarchisation des priorités, la conduite à suivre ainsi que les hommes qui seront chargés de gérer cet important et délicat dossier seront annoncés dans les tout prochains jours. Cette nouvelle configuration permettra d'accompagner le lancement des réformes de la troisième génération, phase essentielle et inéluctable avant l'intégration de l'Algérie dans les espaces et organisations internationaux. Le cafouillage qui continue à caractériser la mise en œuvre du processus de modernisation de l'appareil productif freine sensiblement l'avancement et le parachèvement de la période de transition vers l'économie de marché, qui s'étire dans le temps depuis maintenant près de dix ans. L'accélération de la privatisation, processus en butte à d'énormes difficultés, voire à des blocages par des forces de la rente tapies dans l'ombre, la réforme du secteur financier et bancaire, chantier qui accuse un grave retard freinant les investissements du privé national et étranger, et le parachèvement de l'opération de la mise à niveau du dispositif législatif régissant les activités économiques se situent au cœur de cette révision générale décidée suite à la panne de fonctionnement constatée au niveau de l'Exécutif. Ce dernier sera touché par la restructuration et la redéfinition des missions pour garantir une meilleure cohésion dans la gestion des affaires de l'Etat. À cet effet, il est attendu la concentration de la conduite des réformes aux mains d'un ministre — probablement un “Monsieur privatisation” —, qui aura en charge la coordination du dossier des réformes économiques. Il aura à diriger et à faire aboutir l'opération de l'ouverture des entreprises du secteur public au partenariat et à la privatisation. La poursuite des négociations pour l'adhésion à l'OMC nécessite une nouvelle approche pour faire aboutir les pourparlers à la finalisation de l'opération d'intégration de cette organisation importante, d'ici à la fin 2005. La privatisation, les finances, les hydrocarbures, le commerce et la coopération constitueront un collège homogène tant sur le plan structurel que sur le mode de gestion. L'uniformisation des méthodes, des procédés ainsi que la vision, éléments qui font cruellement défaut sera réglée à la faveur de cette “révision” qui vise à donner un second souffle au processus des réformes à la veille de la ratification définitive de l'accord d'association avec l'UE et dans la perspective de l'adhésion de notre pays à l'OMC, et ce, sans oublier que l'Algérie est actuellement pleinement engagée dans la relance du processus de Barcelone qui bouclera cette année une décennie d'existence. La mise à niveau de l'économie et la préparation des entreprises à la concurrence et à la compétitivité sont autant de raisons qui justifient les réajustements sous forme de “rectificatifs” qui seront apportés dans les prochains jours au programme du “gouvernement remanié”. La mouture finale qui a subi les derniers “réglages” par les experts en la matière serait fin prête pour application. La copie du programme de l'Exécutif, adopté en mai dernier par le Parlement, sera en ce sens détaillée et les priorités hiérarchisées sur la base des recommandations du chef de l'Etat qui chapeaute les actions “d'aiguillage” des différentes opérations lancées ou à lancer dans un avenir proche. Huit mois après sa réélection, le président de la République a situé les points faibles de l'équipe en charge de mettre en œuvre son programme quinquennal pour lequel une enveloppe de 50 milliards de dinars a été dégagée avec une probable révision à la hausse, au terme des auditions menées il y a quelques semaines avec les détenteurs des portefeuilles stratégiques et non pas avec tous les ministres. Au lendemain de sa visite au Japon, le chef de l'Etat a observé une pause de dix jours — du 13 au 23 décembre dernier — dans ses activités pour plancher sur les changements à apporter dans les structures de l'Etat chargées de l'application des réformes annoncées au cours de ses différentes sorties officielles. La nouvelle démarche permettra d'éviter les chevauchements de prérogatives et les cafouillages qui bloquent l'accélération du rythme de modernisation. Les missions de chaque membre, groupe ou équipe seront clairement définies, et les arbitrages seront rapidement opérés par le chef de l'Etat pressé de remettre la machine économique sur les rails et de se décharger pour d'autres priorités politiques et diplomatiques. L'année 2005 sera marquée par l'organisation d'un référendum sur l'amnistie générale juste après le très attendu sommet de la Ligue arabe, dont la tenue est prévue les 21, 22 et 23 mars prochain à Alger, deux autres priorités, voire des urgences de Bouteflika. M. A. O.