Passée l'émotion du mois de janvier, au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo, les Français ne dissimulent plus leur peur face aux menaces terroristes, d'autant que des milliers de salafistes y sont établis. Alors que l'enquête est toujours en cours deux jours après l'attentat commis à Saint-Quentin Fallavier (Lyon), où un homme a tenté de faire exploser une usine de produits gaziers et chimiques après avoir assassiné son propre patron dont le corps a été retrouvé décapité, le Premier ministre français, Manuel Valls, a admis hier, à demi-mot, que la France n'est pas à l'abri d'autres attentats. "Nous vivons sous une menace terroriste majeure et nous devons savoir que nous devons combattre, nous allons combattre cette menace terroriste dans la durée", a déclaré Manuel Valls invité du Grand Rendez-vous Europe 1-iTélé-Le Monde. "J'ai dit (en janvier) que nous étions confrontés à une guerre, à une guerre contre le terrorisme, contre l'islamisme radical, contre le jihadisme", a-t-il ajouté. "Il faut s'attendre à une volonté de la part des organisations terroristes de s'attaquer au monde, et donc à la France", a-t-il dit, selon des propos repris par le quotidien Le Monde. Dans des propos tenus dans le Journal du Dimanche (JDD), le Premier ministre français avait même admis que l'émotion qui a succédé en janvier dernier aux attentats contre Charlie Hebdo et l'épicerie Casher, laquelle avait donné lieu à une mobilisation historique dans les rues, a laissé place, désormais, à la peur. Encore plus aujourd'hui, puisque la France est appelée à marquer à la culotte ses "salafistes" estimés entre 10 000 et 15 000. "C'est souvent l'antichambre de la radicalisation, du terrorisme", a prévenu Valls cité par l'agence Reuters. Rappelant que 5 000 Européens environ avaient rejoint l'Etat islamique en Irak et en Syrie, il a prévenu que le phénomène risquait de s'amplifier encore, malgré la surveillance des candidats potentiels au départ. "Nos services considèrent qu'à la fin de l'année, il pourrait y avoir 10 000 Européens engagés dans les rangs de Daech", a-t-il dit. En France, sur les quelque 1 800 personnes recensées pour des liens plus ou moins étroits avec les filières jihadistes, "608 ont manifesté des velléités de départ", a déclaré Valls pour qui "ce phénomène est incroyablement puissant". "Guerre de civilisations" En plus donc des menaces extérieures, la France doit aussi faire face à "l'ennemi intérieur", pour reprendre une expression de Manuel Valls. Mais l'optimisme risque de rigueur chez le responsable français dont le pays est déterminé à éradiquer le phénomène. "Nous ne pouvons pas perdre cette guerre parce que c'est, au fond, une guerre de civilisations. C'e sont nos valeurs, notre société, nos civilisations que nous défendons." "La lutte contre le terrorisme islamiste est une guerre de civilisation, mais n'est ni une guerre contre l'islam ni une guerre entre l'Occident et le reste du monde", a-t-il précisé. Histoire de lever toute équivoque et tout amalgame que ne manqueraient pas inévitablement de saisir au vol les semeurs de la haine, Manuel Valls a assuré qu'il ne s'agit pas de défendre les valeurs "occidentales", mais les valeurs "humanistes", rappelant que les premières victimes du terrorisme islamiste dans le monde étaient les musulmans. "La bataille se situe aussi au sein de l'islam entre un islam humaniste et un islamisme obscurantiste." Selon lui, le terrorisme cherche à diviser, d'où la nécessité de l'union sacrée contre lui. "Notre force c'est la démocratie, l'Etat de droit, l'unité", a dit Valls. K K.