Unanime, le monde s'est élevé contre les attaques contre la presse Le premier numéro de Charlie Hebdo depuis l'attentat qui a décimé sa rédaction, suscite de vigoureuses mises en garde des autorités religieuses musulmanes contre des réactions violentes après la nouvelle caricature du prophète. Parallèlement, l'enquête sur les trois tueurs qui ont fait au total la semaine dernière 17 morts - dont 7 journalistes, 3 policiers et 4 juifs - se poursuit. Selon plusieurs médias français, la police a identifié un complice présumé d'Amédy Coulibaly, un des jihadistes qui a tué quatre juifs vendredi dans un magasin casher après avoir tué une policière la veille à Paris. Selon le quotidien Le Parisien, cet homme activement recherché a un passé de délinquant et pourrait avoir fui en Syrie. Plusieurs condamnations pour apologie du terrorisme ont été prononcées ces derniers jours en France contre des personnes qui avaient salué les attentats de la semaine dernière. L'humoriste controversé français, Dieudonné, a été arrêté hier à ce titre. Le portrait du prophète, tenant à la Une de Charlie Hebdo la pancarte «Je suis Charlie» brandie par près de quatre millions de manifestants dimanche dans les rues de France pour défendre la liberté d'expression, a provoqué des remous dans le monde musulman. En France, les principales organisations musulmanes ont appelé la communauté «à garder son calme» et «respecter la liberté d'opinion» alors que le plus grand journal satirique français, Le Canard Enchaîné, a révélé avoir reçu des menaces le lendemain du massacre à Charlie Hebdo. «La France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l'islamisme radical», mais «pas contre une religion», a affirmé mardi le gouvernement français. Lors d'une émouvante cérémonie d'hommage aux trois policiers tués dans les attaques, le président François Hollande a demandé aux Français de «redoubler de vigilance» face à un danger «au-delà de nos frontières» comme «à l'intérieur». A l'Assemblée nationale, ovationné debout par l'ensemble de la classe politique, le Premier ministre socialiste Manuel Valls a réitéré la fermeté française et lancé un appel appuyé à la «laïcité», référence cardinale du système français. Après une minute de silence à la mémoire des victimes, les députés ont entonné tous ensemble l'hymne national français La Marseillaise - une première depuis 1918 - avant de réserver une ovation aux forces de l'ordre. Mardi soir, la Maison Blanche s'est alarmée d'une poussée de l'antisémitisme en Europe et en France. «Nous ne faiblirons pas dans notre engagement à combattre le fléau de l'antisémitisme», a martelé le chef de cabinet de la Maison Blanche Denis McDonough devant des centaines de personnes réunies dans une grande synagogue de Washington en hommage aux victimes des attentats de Paris, les pires en Europe depuis une décennie. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry rencontrera demain matin à Paris, François Hollande pour évoquer les attentats. Manuel Valls a appelé à prendre «des mesures exceptionnelles» face à l'extrémisme, mais «jamais des mesures d'exception», récusant l'idée d'une législation d'urgence sur le modèle du Patriot Act américain. Ce dispositif, voté aux Etats-Unis dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, avait été durement critiqué ensuite pour ses atteintes aux libertés civiques. M.Valls a annoncé la création d'ici la fin de l'année de «quartiers spécifiques» dans les prisons pour isoler les détenus jihadistes afin de prévenir tout prosélytisme. Deux des jihadistes des attentats de Paris, Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi, avaient basculé en prison dans l'islamisme radical.