Une école publique gratuite et de qualité est le seul garant d'un développement intellectuel des enfants de l'Algérie. Ce point de vue est défendu par le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) dans une réflexion consacrée à "l'évaluation" de la réforme du système éducatif algérien et transmise, hier, à la rédaction. Pour le CLA, l'école est définie comme le lieu par excellence destiné à rendre les générations d'Algériens "des éléments actifs, libres, autonomes et capables de bâtir une société dont les composantes seront la justice et la solidarité". Pourtant, ce syndicat déplore la politique des pouvoirs publics, considérant que l'Etat a doté l'école algérienne d'un système éducatif qui "ne répond pas aux besoins réels" des citoyens. Pour apporter les preuves de ses dires, le CLA a initié une enquête auprès des enseignants et des lycéens en s'appuyant sur "8 indicateurs principaux" qui sont : le niveau atteint dans certaines matières (maths, langues, lecture, TIC...) ; le taux de réussite et de transition ; le suivi de l'élève durant son parcours scolaire ; les ressources financières et les structures éducatives ; les conditions de travail et la situation socioprofessionnelle des travailleurs de l'éducation ; le système d'évaluation et l'orientation ; l'approche par compétences ; le recrutement et la formation des enseignants. De l'enquête proprement dite, on retient notamment que 70% des élèves du secondaire "ne maîtrisent même pas les opérations élémentaires de calcul" et seuls 25% des élèves sont considérés comme "bons" dans la discipline langue. De plus, plusieurs enseignants relèvent "l'incohérence" dans la progression pédagogique du programme (absence de prérequis), ainsi que "l'inefficacité" des méthodes d'enseignement suivies à l'école primaire. Le sondage réalisé auprès des élèves de terminale révèle que 80% des lycéens n'ont lu aucun livre, 10% ont lu moins de 5 livres, 6% entre 5 et 10 livres et 4% plus de 10 livres. Quant aux autres matières (sciences, physique, philosophie et histoire), l'enquête dévoile que les lacunes des élèves sont dues à "la non-conformité des programmes scolaires avec le profil de l'élève algérien". Sur le registre des capacités des élèves à mener à terme leurs études, le CLA annonce un taux de redoublement de 11% au primaire, de 29% dans le moyen et de 16% dans le secondaire. Le taux d'abandon serait, quant à lui, de 2% au primaire, de 7% dans le moyen et de 5% dans le secondaire. D'autres constats sont établis. C'est le cas des "obstacles" régissant le système éducatif : "classes surchargées" ; "élèves violents et agressifs" ; manque "important" d'encadreurs ; "infrastructures archaïques" ; "salaire indécent" ; statut du travailleur "des plus dégradants". Dans ses recommandations, le CLA insiste sur la nécessité d'"une planification des infrastructures en fonction de la croissance démographique", sans abandonner ses revendications socioprofessionnelles. Et, tout en appuyant la revalorisation du "savoir", l'allègement des horaires de classe, l'introduction de "la recherche pédagogique" et le redressement des conseils de classe, de gestion et de discipline, ainsi que la mise en place d'"un système de formation continue" pour les enseignants. Pour le CLA, la "refondation" du cycle secondaire se fera par "la création d'un secrétariat à l'Enseignement secondaire". H.A.