Une réflexion sans concession sur le système éducatif algérien été faite par le Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Le rapport de la commission de réflexion installée par ce syndicat a retenu huit points «essentiels» : le niveau atteint en mathématiques, en langues, en lecture, en TIC et autres matières ; le taux de réussite et de transition ; le suivi de l'élève durant son parcours scolaire ; les ressources financières et les structures éducatives ; les conditions de travail et la situation socioprofessionnelle des travailleurs de l'éducation ; le système d'évaluation et l'orientation ; l'approche par compétences ; le recrutement et la formation des enseignants. L'enquête, menée auprès des enseignants de la matière dans le cycle secondaire, fait ressortir que 70% des élèves sont faibles, 20% sont moyens et 10% sont bons. Le syndicat signale que 70% des élèves ne maîtrisent même pas les opérations élémentaires de calcul puisqu'ils recourent à la calculatrice. A l'«incohérence frappante» lors du passage à un autre palier s'ajoute le problème de la surcharge des classes qui «accentue encore plus les lacunes des élèves en mathématiques». En lecture, l'enquête menée auprès des élèves de terminale sur le nombre de livres lus montre que 80% d'entre eux n'ont lu aucun livre, 10% en ont lu moins de 5, 6% ont lu entre 5 et 10 et 4% en ont lu plus de 10. Concernant les autres matières, l'enquête effectuée auprès des professeurs de sciences, physique, philosophie et histoire concluent que 25% des élèves sont bons, 40% moyens et 35% faibles ; 60% des enseignants de ces matières affirment que les lacunes sont dues à la non-conformité des programmes scolaires avec le profil de l'élève algérien. Autre constat effrayant : «En Algérie, la majorité des parents ne s'inquiètent pas de l'avenir de leurs enfants ni de leurs études.» Le système d'évaluation actuel est aussi critiqué : «L'accumulation des contrôles, des notes et des bulletins remis à des moments bien précis de l'année scolaire accablent et épuisent l'apprenant.» L'introduction hâtive de l'approche par compétences dans le système éducatif algérien et la mise en place de tous les moyens pour sa réussite «n'ont pas porté leurs fruits ; au contraire ils ont contribué à son échec». Le CLA recommande, entre autres, de prévoir une planification des infrastructures en fonction de la croissance démographique, un allégement et un rééquilibrage des horaires, l'introduction de la recherche pédagogique (absente du système d'éducation nationale et de formation), la mise en place un système de formation continue pour les professeurs-formateurs et cela par l'ouverture d'instituts spécialisés. Il est également réclamé l'allongement de la durée des études de trois à quatre années par la création d'un an de tronc commun pour la remise à niveau des élèves ; une orientation pour les trois types d'enseignement, général, technique et professionnel ainsi qu'une révision du système d'évaluation du baccalauréat. Le syndicat insiste, par ailleurs, sur la prise en charge des revendications socioprofessionnelles : valorisation du métier d'enseignant, salaire décent, retraite après 25 ans de service effectif.