Y aurait-il un lien entre les violences armées revendiquées par Ansar Eddine et la libération de leur ancien porte-parole par les autorités mauritaniennes alors qu'il est sous le coup d'un mandat d'arrêt international ? Le siège de la brigade de gendarmerie de Baguinéda, ville située à quelque 30 kilomètres à l'est de Bamako, a été la cible d'une attaque terroriste hier matin, quelques heures seulement après la fin de la prise d'otages, dans un hôtel abritant des étrangers à Sévaré (Mopti), qui a fait 12 morts, dont 5 militaires maliens. Aucune perte humaine n'est à déplorer, dans cette nouvelle attaque, mais les dégâts matériels seraient importants, selon le chargé de communication du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, Soungalo Togola, repris par les médias locaux. Un véhicule a été incendié et le siège sévèrement touché par les terroristes qui ont pris la fuite aussitôt leur forfait accompli. Il s'agit de la troisième attaque terroriste en 24 heures, après celle de l'hôtel Byblos à Sévaré et de Bacodjicoroni. Les auteurs de l'attaque d'hier n'ont pas été identifiés et aucune revendication n'a été émise, même si le regard est tourné vers les principaux mouvements terroristes qui ont marqué, depuis quelques semaines, leur retour au Mali : Ansar Eddine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ansar Eddine a d'ailleurs revendiqué le 3 juillet la quasi-totalité des attaques terroristes qui ont été perpétrées au Mali depuis mai, en dehors de l'attentat qui a visé un camp militaire près de Tombouctou et qui a été officiellement l'œuvre d'Aqmi. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, c'est cette recrudescence des violences armées qui interviennent dans un contexte marqué par le début difficile de la mise en œuvre de l'accord d'Alger. Aussi, beaucoup de zones d'ombre demeurent toutefois dans l'opération de libération des otages à Sévaré, à laquelle les forces armées étrangères ont participé, selon les médias maliens, citant des sources sécuritaires, sous le couvert de l'anonymat. Car, l'attaque commise par les terroristes, dont on ignore encore l'identité et l'appartenance, avait commencé dès l'aube vendredi et ne s'est achevée que tard dans la nuit. Des négociations auraient ponctué les échanges de tirs entre l'armée malienne et les terroristes qui ont pris en otage des ressortissants étrangers, travaillant en majorité au sein de la mission de maintien de la paix onusienne (Minusma) ou engagés dans les organisations humanitaires non-gouvernementales. L'assaut n'a été donné qu'en fin de journée, mais la communication officielle des autorités malienne n'a fourni aucun détail sur cette attaque. Y aurait-il un lien entre les violences armées revendiquées par Ansar Eddine et la libération de leur ancien porte-parole par les autorités mauritaniennes alors qu'il est sous le coup d'un mandat d'arrêt international ? Personne n'est en mesure de répondre pour le moment à cette question. Hier, la Fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh) a dénoncé la libération par la Mauritanie, le 3 juillet, de Sidi Mohamed Ould Mohamed Ould Bouamama, alias Sanda Ould Bouamama, ancien porte-parole du mouvement dirigé par Iyad Ag Ghali, au lieu de le remettre aux autorités maliennes qui ont pourtant délivré un mandat d'arrêt international contre lui en 2013. Cette libération a-t-elle été négociée entre Nouakchott et Ag Ghali qui a démenti récemment toute accusation concernant son intention de diriger des attaques contre la Mauritanie ? La confusion qui règne dans le nord du Mali, les blocages auxquels est confrontée la mise en œuvre de l'accord d'Alger et la montée des violences terroristes dans ce pays ont ouvert la porte à toutes les incertitudes. L.M.