Un accord politique "solide" entre le gouvernement malien et les groupes politico-militaires du nord est la seule garantie pour venir à bout d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et d'Ansar Eddine. Après Ansar Eddine, le mouvement terroriste d'Iyad Ag Ghali, c'est au tour d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de faire parler d'elle au Mali, où elle s'est illustrée jeudi par une meurtrière embuscade qui a fait six morts dans les rangs de la Mission onusienne, la Minusma. Les terroristes d'Aqmi ont, en fait, mené une attaque qui a coûté la vie à six Casques bleus, tous de nationalité Burkinabée, selon le communiqué de la mission onusienne. "Une patrouille de la Minusma a été la cible d'une attaque armée par des hommes non identifiés sur l'axe Goundam-Tombouctou à 45 kilomètres au sud-ouest de Tombouctou", a précisé le communiqué de la mission onusienne au Mali. "Deux véhicules de la Minusma ont été détruits", a-t-précisé. L'attaque a été revendiquée par Aqmi, via un communiqué transmis à Al-Akhbar, une agence de presse privée mauritanienne. "Un porte-parole d'Al-Qaïda au Magreb islamique, Abderrahmane Al-Azawadi, a revendiqué l'embuscade de ce matin (jeudi, ndlr) contre les forces internationales au Mali", a rapporté Al-Akhbar qui a fait état du décès de "sept soldats (...) et de quatre véhicules militaires détruits." Ces attaques s'inscriraient dans ce qui ressemble à une nouvelle guerre pour le contrôle des territoires, entre Aqmi et Ansar Eddine, les deux principaux groupes terroristes qui se partagent respectivement les deux principales régions du nord : Tombouctou et Kidal. Après avoir été chassés par les soldats français de l'opération Serval, en 2013, les mouvements terroristes voudraient ainsi marquer leur retour par une série d'attaques sanglantes qui ont ciblé à la fois les soldats de la Minusma et les Forces armées maliennes (Fama). Outre l'attaque de jeudi, officiellement commise par Aqmi, le groupe terroriste Ansar Eddine affirme avoir été derrière les récentes violences armées contre la ville de Nara, dans le nord-ouest frontalier avec la Mauritanie, et contre la ville de Fakola, à la frontière sud avec la Côte d'Ivoire. Ces deux attaques ont fait trois morts et une dizaine de blessés dans les rangs des forces de sécurité maliennes et causé beaucoup de dégâts matériels. Le calendrier de ces violences armées ouvre la piste à plusieurs interrogations, car il coïncide avec le début de la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali qui a été signé par la Coordination des mouvements de l'Azawad, le 20 juin dernier à Bamako, après une longue valse-hésitation et une forte pression de la médiation internationale. S'agit-il donc d'une véritable opération pour la reconquête du terrain perdu, comme le font actuellement les Shebab en somalie ? La méfiance mutuelle des autorités maliennes et des membres de la CMA profite en fait à ces deux groupes terroristes, ainsi qu'au Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), pour revenir au-devant de la scène au Mali. Les liens avérés de certains membres de la CMA, plus précisément les membres du Haut-Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA, né de la dissidence avec Ansar Eddine), pourraient aussi représenter un frein pour engager une lutte armée coordonnée avec le gouvernement malien contre ces groupes terroristes. Le HCUA est-il vraiment prêt à prendre les armes contre Iyad Ag Ghali, le leader d'Ansar Eddine et proche cousin des Ag Intalla qui ont signé, au même titre que les autres membres de la CMA et de la Plateforme d'Alger, l'engagement de lutter contre le terrorisme dans le nord du Mali ? L.M.