Les conclusions d'une étude documentée de la revue Science, rendues publiques le 21 août dernier, sont sans appel : l'homme est le super-prédateur. La pression qu'il exerce sur toutes les autres populations terrestres et marines est sans comparaison. Les humains exploitent les poissons 14 fois plus que les autres prédateurs marins. Ils éliminent aussi les carnivores (ours, loups, lions) 9 fois plus que la nature. Pour les volumes, l'industrie de la pêche "prélève" 78% de la population adulte de saumons d'Alaska par an, contre 6% prélevés par les grizzlys (plus gros prédateurs de l'espèce). Les captures de poissons excèdent aujourd'hui 100 millions de tonnes par an. La pression exercée diffère d'une région à l'autre. Ainsi, les chasseurs nord-américains et européens tuent des herbivores à des taux respectivement de 7 et 12 fois plus élevés que les chasseurs africains. Pour cette étude, les scientifiques ont passé en revue plus de 300 études portant sur 2125 cas de prédation sur des espèces sauvages (poissons et mammifères terrestres) de chaque continent et océan. Selon l'étude, "les autres prédateurs tuent les faibles, c'est-à-dire ceux qui ne se reproduisent pas. À l'inverse, les humains capturent les plus gros animaux qui représentent les populations reproductrices. L'impact sur la population exploitée est double, aux prises directes s'ajoutent les déficits de reproduction", fait remarquer Heather Bryan, chercheuse à l'institut Hakai de l'université de Victoria.