Outre les immeubles identifiés sous la note d'observation d'IMR, l'aspect urbain d'El-Harrach est entaché de l'effroyable inventaire de 900 baraques. Les immeubles menaçant ruine (IMR) se propagent peu à peu aux villes de la banlieue à l'est d'Alger et détériorent le vieux bâti d'El-Harrach. D'ailleurs, un pan de ce patrimoine bâti est d'ores et déjà indexé à l'inventaire des IMR, et c'est ce qui inquiète plus d'un Harrachi, puisqu'une cinquante d'immeubles menacent de s'effondrer d'un jour à l'autre sur leurs occupants, a-t-on appris d'Embarek Alik, maire d'El-Harrach : "Depuis peu de temps, il y a eu l'évacuation d'une trentaine de familles vers les ensembles d'habitations urbaines récemment construits dans la Mitidja. Du reste, le relogement fut suivi sur-le-champ de la démolition d'une dizaine d'immeubles identifiés sous la note d'observation d'IMR. Donc, c'est au total 280 familles qui ont bénéficié de logements neufs, dûment recensés au préalable dans le traitement du dossier inhérent à la résorption de l'habitat précaire au niveau de notre commune. Sachez en outre que la trentaine de familles ont été insérées dans l'opération de relogement qui avait eu lieu au mois d'octobre 2014 et qui avait touché 1080 familles issues des quartiers de Belouizdad (ex-Belcourt), Oued Koriche (ex-Climat-de-France), BEO, Hussein Dey, Kouba et Bordj El-Kiffan. À ce propos, quinze autres familles qui squattaient les caves d'immeubles d'El-Harrach ont été incluses parmi les 218 familles de Diar El-Afia aux Anassers à Kouba ainsi que 130 familles qui logeaient dans les caves d'immeubles d'Alger-Centre aux côtés des 89 familles qui avait bâti leurs maisons sur les terrasses d'immeubles." C'est dire qu'il y a tant à faire pour prétendre solder le dossier se rapportant à l'éradication totale de l'habitat précaire. En effet et pour l'exemple, notre interlocuteur a tenu à préciser : "L'aspect urbain d'El-Harrach est entaché aujourd'hui de l'effroyable inventaire de huit bidonvilles, où s'entassent de malheureux sans-logis dans plus de 900 baraques éparpillées çà et là sur le territoire de notre commune. Donc, force est d'admettre que le bidonville appelé communément Berrouaghia recèle en ses murs en zinc la plus forte densité humaine, du fait que l'on inventorie plus de 400 baraques à proximité de l'hôpital Zmirli au centre d'El-Harrach, et ceci est inadmissible, eu égard de la proximité avec une structure de santé. D'ailleurs, l'inventaire n'est pas pour autant exhaustif, puisqu'on dénombre une autre favela au lieudit Tamit, qui compte 150 baraques. En ce sens, il serait insidieux d'énumérer le reste de bidonvilles portés à la connaissance des services de la wilaya d'Alger, via le canal hiérarchique de la wilaya déléguée d'El-Harrach." Autant de chiffres qui prédisent que ce n'est pas demain la veille qu'"Alger redeviendra cette capitale sans aucune baraque" comme l'affirmait Abdelkader Zoukh, le wali d'Alger. Au demeurant, ce n'est peut-être qu'une vue de l'esprit, puisqu'il y a encore des baraques à éradiquer pour pouvoir rayer à tout jamais le terme de bidonville du lexique des autorités en charge de la maintenance d'Alger qui n'est plus aussi "blanche" que ça. Pour se persuader de l'image qui enlaidit l'ancienne Maison-Carrée, une visite est tout indiquée à la hideuse favela au lieudit El-Hofra (le trou) à Hay Makane El-Djamil (ex-Beaulieu), où vivent, dit-on, 1500 familles recensées en 2007. "Il a été répertorié en 2007 près de 1900 baraques érigées en cet enclos depuis plus de 20 ans, sans qu'aucune lueur d'espoir de relogement ne se profile du côté de la wilaya d'Alger. Et depuis, l'horrible El-Hofra est devenu ce foyer où la contestation sociale prend de l'ampleur, d'où de multiples manifestations de protestation qui ont failli virer à l'émeute, comme celle du mois d'avril 2011", a déclaré ce citoyen très au fait de l'actualité de Makane El-Djamil. Et à l'instant où nous prenions congé de notre hôte, nous avons appris que le parc immobilier d'El-Harrach s'enrichira d'ici peu de 4300 logements quasiment achevés au lieudit Kourifa. Vu de près, de multiples opérateurs dans le domaine du BTP se succèdent sur l'échafaudage afin d'être au rendez-vous au jour J de la livraison du projet pour le compte de la wilaya d'Alger, a dit notre interlocuteur en guise de conclusion. À qui profiteront ces logements ? Là est la question ! L. N.