La dernière explosion, qui a eu lieu au complexe Alzofert d'amoniac à Arzew le 8 janvier 2005, semble avoir été l'explosion de trop, notamment pour les habitants de Béthioua et d'Arzew. En effet, dans un communiqué transmis à notre rédaction, l'association pour la protection et la lutte antipollution à Béthioua, dénommée Shems, annonce sa ferme intention d'ester en justice les responsables du complexe Alzofert ammoniac “pour tous les maux et torts causés à l'environnement de la ville et de sa population”. Cette offensive devrait se faire en collaboration avec les résidants de la daïra, précise encore l'association Shems. Cette action fait suite, en fait, après une “douzième explosion survenue dans le complexe” et aux très nombreuses “émanations de gaz et nuisances asphyxiantes provenant de la zone pétrochimique d'Arzew, plus particulièrement du complexe d'ammoniac”. Les signataires du communiqué mettent en relief les risques et les dangers encourus par la population face à “ces incidents successifs” et dénoncent par là même les responsables du complexe “qui ne savent pas maîtriser une technologie, gérer leurs déchets toxiques selon la loi 30-10 du 19/07/2003 qui fait obligation à toute industrie de ne pas mettre en danger la santé du citoyen”. Toujours dans son communiqué, l'association Shems rappelle que, selon l'article 54 de la constitution, “tout citoyen a droit à la protection de sa santé” et que c'est à l'état “de l'assurer et de remplir ses fonctions de prévention en matière de santé”. Le communiqué, à ce sujet, fait état de très nombreux problèmes de santé qui touchent la population près de la zone d'Arzew, notamment les enfants. Les cas d'asthme sont légion, les maladies chroniques, dermatologiques, les complications respiratoires... sont autant de situations vécues par les citoyens de Béthioua. L'association compte poursuivre son action jusqu'à la fermeture du complexe même s'il faut passer par la justice, peut-on encore lire dans le communiqué. Après le très grave incident qui a été vécu, il y a tout juste un an, par les travailleurs du complexe de Skikda et la récente décision du ministre Chakib Khelil de délocaliser la ville de Hassi-Messaoud pour raison de sécurité, les plus hauts responsables du pays sont quasiment mis en demeure d'accomplir leur rôle jusqu'au bout et de prendre en charge, enfin, comme il se doit la question des risques industriels encourus par la population, plus particulièrement celle résidant dans tout le périmètre de la zone pétrochimique d'Arzew, le plus grand complexe pétrolier. La crainte d'une nouvelle catastrophe est perpétuellement vécue par ces citoyens décidés donc à agir, comme le leur permettent les lois du pays. F. B.