Le moindre coup de marteau-piqueur aura des conséquences fâcheuses sur les douérate de La Casbah qui sont construites sur un terrain en gradins. L'assainissement de La Casbah d'Alger figure en tête des priorités de la wilaya d'Alger ! C'est ce qui ressort de l'entretien qu'avait accordé la wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, à notre journal dans son édition du 24 novembre : "Nous allons bientôt lancer l'opération de rénovation du réseau d'assainissement de la vieille cité d'Alger ; les appels d'offres sont déjà lancés. Pour nous la priorité, c'est de réhabiliter le réseau dans sa totalité. Espérons qu'on aura une entreprise capable de réussir l'opération." Pour ne pas les dire dubitatifs, les Casbadjis sont d'autant perplexes ! Alors, et pour en savoir un peu plus sur la faisabilité de la chose, osons une question à l'architecte Bouhired Houria : "Certes, elle est réellement planifiée, l'ébauche inhérente au renouvellement ou plutôt la modernisation du réseau d'assainissement de La Casbah. C'est le wali d'Alger qui m'a confirmé l'esquisse hydraulique. Depuis, j'ai différé l'action de purifier les puits d'une soixantaine de douérate élues au patrimoine des bâtisses traditionnelles les mieux entretenues suite au concours qu'avait organisé notre association Sauvons La Casbah d'Alger au mois de novembre 2014. Les fouilles sont projetées à la périphérie de La Casbah, en même temps du côté de la Haute-Casbah, notamment à Bab Ejdid (boulevard de la Victoire, Hahad-Abderrezak (ex-Verdun), à Ourida-Meddad à Soustara. Du reste, les fouilles se poursuivront rampe Louni-Arezki (ex-Rampe Vallée) et rue Arbadji-Abderrahmane à Djamâa-Lihoud et pour finir rue de Bab-El Oued dans la Basse-Casbah. D'ailleurs, c'est l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (Ogebc) qui pilote l'opération aux côtés d'autres partenaires contractants, dont la direction de l'hydraulique de la wilaya d'Alger". Seulement, les îlots en bordure de la Casbah ne reflètent pas l'abrupte configuration d'un terrain à l'aspect d'un amphithéâtre triangulaire, tellement la similitude est évidente. En effet, l'ébauche ne souffle mot sur ce qui se projette au cœur même de l'antique cité des Béni Mezghenna et les dédales des venelles de la Haute-Casbah qui descendent de la rue des frères-Racim (ex-rue du Chameau) jusqu'à Djamâa Lihoud en battant le pavé de la fontaine Bir Djebah ainsi que celle de Sidi M'hamed Chérif pour aboutir à Sidi Bouguedour. C'est dire que ouled El-Casbah ne demandent qu'à voir et juger sur pièce, particulièrement aux alentours des pâtés de maisons contigus à Djamâa Safir et aux Houanet Si-Abdellah, où la physionomie du terrain ne se prête pas à autant de prétention. Et pour cause, le moindre coup de marteau-piqueur aura des conséquences fâcheuses sur les douérate d'à côté, nous dit-on. Pour ce qu'est de l'avis de l'exécutif municipal de La Casbah, le maire, Ibadioune Rachid, s'en tient, quant à lui, à la maintenance des avaloirs de la vieille médina qu'il a confiée, dit-il, à un opérateur privé et déplore l'air ahuri, le fait qu'il ne soit pas associé à la rénovation du réseau d'assainissement. Autre nouvelle : "La DHW d'Alger qui fait partie du comité ad hoc du conseil de pilotage issu de compétences pluridisciplinaires du ministère de la Culture et de la wilaya d'Alger, a élaboré une étude pour réadapter l'ancien réseau de collecte du boulevard Ourida-Meddad ainsi qu'à proximité des arcades de la rue Mohamed-Bouzrina (ex-rue de la Lyre) et Ketchaoua. Donc et de ce qui précède, la modernisation du réseau d'assainissement de La Casbah ne se limite en réalité qu'aux réseaux principaux situés à la périphérie de La Casbah", a déclaré un ingénieur en génie civil très au fait de ce qui se fait dans les secteurs sauvegardés, du temps où la Cellule de gestion urbaine veillait sur La Casbah. De la sorte, s'il est admis que le projet soit possible dans le mode extra-muros de Dar Soltane (la citadelle d'Alger) et sur toute la délimitation de La Casbah, en revanche, cela ne peut se faire en intra-muros. C'est aussi l'avis de l'écrivain et chercheur en patrimoine, M. Benmeddour Mohamed qui a déclaré : "Cela est dû essentiellement aux inégalités du relief des lieux. Le réseau d'avaloirs et des rigoles de La Casbah d'Alger, qui date de l'époque berbère des Béni Mezghenna a de tout temps été préservé, du fait que la mécanique des fluides s'égouttait si bien grâce à l'idéale position de La Casbah située au flanc d'une montagne qui n'est autre que le mont de Bouzaréah, d'où sa position inclinée vers la porte de Bab Azzoun. À cela, s'ajoutent les douérate de La Casbah qui sont construites sur un terrain en gradins, qui facilitait les écoulements des eaux usées vers la muraille d'Alger de l'époque et qui descendaient par la porte de Bab-Azzoun. D'ailleurs l'iconographie de l'époque illustre ce pont-levis, où s'écoulaient les eaux dans des réserves d'une profondeur de 6 et 8 mètres par endroits et parfois jusqu'à 11 mètres de profondeur pour se jeter à la mer. Il est vrai qu'en surface, l'eau est canalisée jusqu'au jour d'aujourd'hui, mais seulement en surface, d'où l'impossibilité d'envisager un tel projet en raison des multiples labyrinthes, de puits, de nappes et de djebs qui se trouvent ensevelis". Outre les travaux d'embellissement du bâti, l'assainissement de la médina d'Alger devait s'ajouter à l'étude d'évaluation, qui, à l'heure où nous mettons sous presse, doit-être finalisée puisque la maîtrise d'œuvre date de 2012, soit à l'époque de Mme la ministre Khalida Toumi qui déclara : "Cette étude est destinée exclusivement aux seuls travaux qui doivent être opérés sur les réseaux d'évacuation des eaux, étant donné que les infiltrations des eaux, de pluie et autres liquides chargés, constituent l'autre tragédie cachée de La Casbah d'Alger. Au demeurant, l'urgence d'une refonte de l'ensemble des réseaux d'assainissement est d'autant requise, afin de mettre un terme à ce sujet". L. N.