À J-2 de la célébration du Mawlid Enabbaoui Echarif (naissance du Prophète-QSSSL), les premiers blessés sont déjà enregistrés dans les services des urgences et dans les centres hospitaliers spécialisés. L'usage de produits pyrotechniques cause, chaque année, plus de 2 000 blessés. Et si les autorités peinent à canaliser le flux de ces produits prohibés, les importations se multiplient et cette année, encore, ce sont des millions de produits de différents gabarits qui ont débarqué dans nos ports. Devant cet état de fait, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a appelé à la vigilance quant à l'usage des produits pyrotechniques qui représentent un "danger réel et peuvent provoquer de graves accidents allant jusqu'à menacer l'intégrité physique des citoyens". Pour une première, le département d'Abdelmalek Boudiaf rappelle que "chaque année, durant la fête du Mawlid Enabbaoui Echarif des accidents surviennent mettant en danger la vie des individus et la fête tourne au drame pour beaucoup". Il citera, entre autres dégâts, "des risques d'incendies (fusées, bougies), de pollution sonore causée par la déflagration des pétards et des bombes ayant un impact sur le bien-être physique des personnes, particulièrement les plus âgées, les malades, les femmes enceintes et les enfants. Aussi, souligne-t-il, les personnes qui les manipulent risquent des blessures (auto traumatisme) et des dégâts peuvent être occasionnés aux tiers, comme ils risquent la perte de quelques doigts et sa projection dans l'œil peut entraîner la cécité (...) Votre vie ne sera plus la même, avec des blessures graves, voire irréversibles. Les brûlures des 2e et 3e degrés laissent d'immenses cicatrices ou déforment le visage". Le ministère de la Santé révèlera que "les enfants et les adolescents sont les plus touchés par ce type d'accident et les plus vulnérables, étant donné qu'ils ne mesurent pas l'ampleur du danger qui les guette". Et si le communiqué ne relève pas la commercialisation de ces produits prohibés — la chose ne relève pas de ses prérogatives — il n'en demeure pas moins que les services de sécurité ont procédé, en moins de deux mois (novembre et décembre en cours), à la saisie de 30 millions d'unités (pétards, feux d'artifices, fumigènes, fusées, etc.). Les faits saillants sont là et rappellent à quel point la filière Chine-Dubaï-Algérie est aussi puissante et rien ne pourrait la freiner. Commerce juteux par excellence, les produits pyrotechniques se chiffrent en dizaines de milliards de dinars. Ainsi, les services des Douanes au port d'Annaba ont saisi, en novembre dernier, 2 conteneurs de 40 pieds appartenant à un importateur établi à Boumerdès. Celui-ci avait importé de Chine, via Dubaï, 9 360 480 unités de pétards de différents gabarits. Dimanche dernier, la sûreté de wilaya d'Alger a récupéré un lot important de produits pyrotechniques à La Casbah, d'une valeur de 6 milliards de centimes. Le même jour, les gendarmes ont intercepté à Tizi Ouzou un fourgon transportant 174 000 unités de pétards et de bombes. La veille, les mêmes services ont saisi 1 600 000 pétards à El-Eulma, à Sétif. Au port d'Oran, une quantité de 1 700 000 unités de pétards et de feux d'artifice a été saisie dans deux conteneurs par les éléments de la brigade de recherches et d'investigation relevant du service de la police judiciaire d'Oran qui ont coordonné l'action avec la police des frontières. Pour ne citer que les grosses saisies, le commerce des produits pyrotechniques demeure florissant et échappe à tout contrôle de l'Etat. Pourtant, il constitue une niche importante financée avec des devises par les banques publiques. À moins que l'importation des produits pyrotechniques ne soit pas concernée par les mesures d'austérité. F. B.