Deux mille seize ne sera pas une bonne année pour les pays producteurs et exportateurs de pétrole, et la situation "pourrait être différente" si l'Opep décide de réduire sa production, a estimé, hier à Paris, Francis Perrin, président de Stratégies et politiques énergétiques et d'Energy Industries Stratégies Information. "Il est peu probable que 2016 soit une bonne année pour les pays producteurs et exportateurs de pétrole", a déclaré le directeur de la publication et de la rédaction de Pétrole et Gaz Arabes (PGA), dans un entretien à l'APS, expliquant qu'il y a beaucoup de facteurs qui "ne sont pas favorables" à un redressement du marché. "L'offre pétrolière mondiale reste supérieure à la demande, l'Opep ne réduit pas sa production, bien au contraire, les stocks pétroliers mondiaux sont très élevés, l'Irak devrait continuer à accroître sa production, l'Iran veut produire et exporter plus de pétrole en 2016 — et ce pays en a les moyens — et le dollar américain est fort", a-t-il expliqué. Pour ce spécialiste des questions énergétiques, les choses pourraient se présenter de "façon très différente" si l'Opep décidait de réduire sa production et "si cette décision était sérieusement appliquée ou si l'Opep et certains pays non-Opep s'entendaient pour réduire l'offre pétrolière". Mais il n'a pas caché son scepticisme en rappelant que la dernière réunion de la conférence de l'Opep, le 4 décembre, "n'a débouché sur aucun résultat". "Je suis sceptique sur la possibilité d'un accord au sein de l'Opep en 2016, à moins que des pays non-Opep ne soient prêts à faire eux aussi un effort en ce sens, car l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar restent très fermes sur leurs positions", a-t-il précisé, ajoutant qu'on ne peut prédire la fin de l'Opep, organisation qui est pour l'instant "impuissante" face à la chute des prix du brut. Rappelant que l'Opep a refusé de réduire sa production par trois fois, en novembre 2014, en juin 2015 et en décembre 2015, Francis Perrin a estimé que pour plusieurs pays membres de cette organisation, qui voudraient une baisse de la production, il leur faudra "l'unanimité" pour que l'Opep puisse prendre une décision, soulignant que l'organisation est "très divisée sur ce point". En revanche, il n'exclut pas, du fait de la chute des prix, que la production non-Opep baisse en 2016, relevant qu'elle a "fortement" augmenté depuis plusieurs années. De plus, a-t-il ajouté, "la demande pétrolière mondiale augmentera en 2016, ce qui devrait contribuer à réduire l'excédent de l'offre sur la demande", prévoyant un rééquilibrage du marché pétrolier en 2017 pour "permettre aux prix du brut de commencer à remonter". Pour les pays producteurs et exportateurs d'or noir qui recourent à leurs fonds souverains pour pallier leurs problèmes économiques, l'expert a considéré cette façon de faire, de "risque important" si la baisse des prix devait être "plus durable que prévu". "Certes, quelques pays, notamment les Etats arabes de la région du Golfe, ont des fonds souverains très bien dotés et peuvent tenir pendant encore quelques années mais ils ne veulent pas voir leurs réserves financières fondre trop rapidement", a-t-il expliqué. R. N./APS