La chute des cours mondiaux de pétrole ne constitue pas, sur le court terme, un risque sur l'économie algérienne, a estimé, mardi à Alger, l'expert pétrolier français, Francis Perrin, mais a relevé la nécessité de diversifier l'économie et les sources d'énergie. Cette capacité de résilience de l'Algérie, sur le court terme, est imputable essentiellement au volume important de ses réserves de change cumulées durant la période de forte embellie des prix du brut, a expliqué M. Perrin lors d'une conférence-débat au Forum du journal Liberté. Mais le président de Stratégies et politiques énergétiques a également considéré que le pays devrait accélérer la mise en oeuvre de sa politique de diversification de l'économie et de politique énergétique, et ce, non seulement pour faire face à la baisse des prix du brut mais aussi pour satisfaire la demande interne en énergie en nette croissance. M. Perrin a alors préconisé le développement des énergies renouvelables, en particulier l'énergie solaire, un domaine où l'Algérie dispose d'un potentiel "très important". "Il faut que le pays cherche à diversifier ses sources d'énergie et à réduire sa dépendance de la rente des hydrocarbures", a insisté M. Perrin pour qui la situation actuelle du marché pétrolier pourrait devenir, à terme, "dangereuse" pour tout pays producteur ou exportateur de cette source d'énergie si les mesures nécessaires n'étaient pas prises. S'exprimant sur la démarche consensuelle et de concertation que l'Algérie a entamée, il y a quelques semaines, en direction d'autres pays producteurs OPEP et non OPEP afin de chercher les moyens de rééquilibrer le marché, cet expert a préconisé la poursuite de cette initiative. "Il faut que l'Algérie continue à consentir des efforts en matière de diplomatie pour essayer de trouver les moyens de réduire la production et faire remonter les prix", a-t-il soutenu tout en ajoutant que ''l'Algérie ne peut pas tout faire toute seule". Questionné sur l'évolution future des cours mondiaux du brut, M. Perrin a écarté toute hausse importante des cours en 2015 en raison de la persistance de l'excédent de l'offre sur le marché mondial. "Je ne vois pas la possibilité d'une forte remontée des cours en 2015 parce qu'il est impossible de résorber l'excédent actuel de l'offre qui est un facteur essentiel dans la régulation du marché", a-t-il expliqué en appuyant son pronostic par l'entrée en production, cette année, de plusieurs autres projets pétroliers aux Etats-Unis et au Canada. Il a alors déconseillé les pays producteurs et surtout exportateurs du pétrole de tabler sur un niveau de prix supérieur à 60 dollars le baril au courant de cette année. "Je pense qu'il sera dangereux, pour ces pays, d'établir leurs budgets sur la base d'un baril à plus de 60 dollars en 2015", mais n'a pas exclu qu'un éventuel changement puisse intervenir sur le marché à partir de 2016 ou 2017. Revenant sur les raisons de la baisse des prix du brut, M. Perrin a estimé que la décision de L'OPEP de maintenir son plafond de production à 30 millions de baril/jour n'était pas le seul facteur à l'origine de cette dégringolade des cours: "Ni la décision de L'OPEP, ni la position de l'Arabie Saoudite ne sont à l'origine de cette baisse. La décision de L'OPEP a seulement accéléré la baisse des cours". Pour ce qui concerne le gaz de schiste, cet expert a réitéré que toute activité de forage pétrolier ou gazier, qu'il soit conventionnel ou non conventionnel, portait des risques, et qu'il s'agit seulement de "maîtriser le forage et travailler correctement", citant l'exemple de la Norvège qui exploite les hydrocarbures non conventionnels malgré la rigueur et l'intransigeance de sa réglementation relative à la protection de l'environnement. Selon lui, "si l'on dit non au gaz de schiste, on doit alors trouver l'alternative" pour faire face à la demande croissante interne en énergie, particulièrement en gaz.