L'Agence internationale de l'énergie (AIE) révise ses prévisions sur l'évolution des prix du pétrole : le scénario haussier commence à prendre le pas sur ses estimations antérieures foncièrement baissières. En effet, l'AIE prévoit une stabilisation du marché à partir de 2017. "L'AIE prévoit un rééquilibrage du marché pétrolier plombé par une offre excédentaire à partir de 2017 avec une remontée progressive des prix qui pourraient s'envoler à moyen terme à cause d'un manque d'investissements pour renouveler la production. Ce n'est qu'en 2017 que nous observerons un alignement de l'offre et de la demande, mais les stocks accumulés freineront le rythme de redressement des prix", rapporte l'APS. Traduire : en raison des volumes élevés des stocks de pétrole, actuellement, les prix du pétrole ne vont pas augmenter au cours des prochains mois, du moins pas de façon sensible. En 2017, toujours avec l'effet de ses stocks, les prix du pétrole vont augmenter, mais pas de façon très importante, soutient l'AIE. "Au risque de tenter le sort, nous devons souligner que les conditions actuelles du marché n'indiquent pas que les prix vont se redresser fortement dans un avenir immédiat, sauf évènement géopolitique majeur." Pour l'Agence internationale, cette inversion de la tendance, qui sera perceptible à partir de l'an prochain, est due aux effets de la baisse des investissements des compagnies internationales. "Les investissements dans l'exploration production devraient chuter pour la seconde année consécutive, du jamais vu depuis le contre-choc pétrolier de 1986 : après un recul de 24% l'an passé, ils devraient diminuer de 17% cette année selon l'AIE. Parallèlement, la consommation augmentera en moyenne de 1,2 mbj chaque année, passant de 95,6 mbj en 2016 à 101,6 MBJ en 2021. Le principal moteur de cette croissance sera la transformation de la Chine vers une économie de services et des véhicules moins gourmands freineront la hausse par rapport à la période 2009-2016." Dans ces prévisions, l'agence ne fait pas état de deux facteurs majeurs qui peuvent influer sur les prix de l'année en cours. Elle n'inclut pas l'hypothèse d'un accord sur une réduction de la production Opep et non-Opep et celle d'une diminution de l'offre en 2016 en raison de la fermeture de nombreux puits aux Etats-Unis. En effet, avec des cours du brut autour de 30 dollars actuellement, une bonne partie de la production US de pétrole de schiste n'est pas rentable. En ce sens, Francis Perrin, expert international, n'exclut pas une augmentation légère des prix du pétrole à partir de 2017. D'autres experts, plus optimistes, prévoient une hausse des prix du pétrole à partir du troisième ou quatrième trimestre 2016. Il estime qu'à partir de 2019-2020, les prix du pétrole tourneront autour de 70-90 dollars le baril, sous l'effet d'une diminution de l'offre consécutive à une baisse des investissements des compagnies pétrolières internationales dans l'exploration-production entamée depuis 2015. K. Remouche