Après le "fatras" de la dernière livraison de M. Rahabi, j'ai longuement hésité avant de réagir. D'une part, je n'ai, comme tous les lecteurs, rien compris à sa littérature ; d'autre part, on ne voit pas grand-chose à dire à quelqu'un qui invective à longueur de colonnes tout en se lamentant d'être victime d'attaques personnelles. En gros, M. Rahabi nous reproche de n'avoir pas su apprécier les insultes dont il a bien voulu nous gratifier. Le mieux eût donc été d'en finir puisque l'homme qui revendique une diplomatie dont il dit lui-même qu'elle a contribué à faire des élites algériennes les derniers de la classe nord-africaine avoue une incapacité à prendre de la distance avec un ego qui envahit la pensée et obscurcit la raison. Cependant, en discutant avec deux collègues, nous en étions arrivés à nous demander comment un responsable qui a occupé tant de fonctions peut-il se commettre publiquement dans de telles inepties. L'un de mes amis a, je pense, trouvé la réponse. Voici son explication : "Il y a dans le pays, dit-il, des responsables qui ne se sont jamais dit qu'ils pouvaient un jour avoir à répondre d'un propos ou décision devant l'opinion. Ils ont décidé, imposé et exécuté dans un pays silencieux et soumis. Pour eux, cela fut et cela doit être. Le débat est une atteinte de lèse-majesté, la contradiction est un délit qui mérite sanction et l'interpellation une douleur insupportable pour des hommes politiquement hypochondriaques." C'est donc pour casser cette insolente imposture que je réplique. Plus que pour répondre à M. Rahabi. Je rappelle tout de même, contre la mauvaise foi de M. Rahabi, que l'objet de la polémique était son attaque contre le président du RCD, Mohcine Belabbas, au sujet de la fermeture des frontières terrestres avec la Maroc et, surtout, son empressement à se joindre à la meute pour invectiver et charger le RCD d'accointances avec le pouvoir marocain. On verra que la culture de la tcheka traverse ses élucubrations malgré l'impossibilité à trouver dans son écrit la moindre cohérence. Je prends donc acte du refus de sa chapelle à débattre de sujets sérieux et de sa résignation à user d'une compilation de lieux communs et d'insultes pour battre en retraite. Pour ma part, je ne pense pas que c'est perdre son temps que de persister à vouloir associer les citoyens autour de questions qui déterminent l'avenir d'une région victime en premier lieu des complicités rentières de la police politique algérienne et du Makhzen marocain. Libre à lui de retourner aux plaisirs d'une vie paisible aux ingrédients garantis par le contribuable algérien ; ce renoncement n'a rien d'étonnant. Comme pour le reste des acquis démocratiques arrachés au parti unique et à l'Etat policier, les sacrifices consentis pour l'avènement d'une ère de démocratie et de liberté dans notre pays ne peuvent être l'œuvre ni de la secte des janissaires ni de la congrégation des courtisans. En revanche, et c'est le plus significatif de ces "échanges", il ne peut s'empêcher de céder aux tentations staliniennes en stigmatisant l'organisation par le RCD d'un colloque international sur le coût de la non-intégration de l'Afrique du Nord le 1er mai prochain ; rencontre qu'il assimile, comme au bon vieux temps des années de plomb, à une tentative "de relancer une campagne sur le coût économique du non-Maghreb lancée et financée il y a six ans par le think tank marocain Amadeus qui cherchait à rendre l'Algérie non seulement responsable de l'échec de l'UMA mais également de son retard économique...". Pour la petite histoire, ce sujet a été traité aussi par des spécialistes tunisiens depuis plus d'une dizaine d'années ; mais quand on doit désinformer, les entorses à la vérité historique sont halal. À propos de l'UMA, que l'ancien diplomate sert à toutes les sauces, le RCD ne considère pas que la construction de l'espace nord-africain passe par le maintien d'un acronyme dont la connotation même heurte notre identité et notre histoire. Nous sommes pour une fédération des Etats de l'Afrique du Nord qui, n'en déplaise à la science distillée par la pensée unique, suppose, par définition et comme pour tous les regroupements d'Etats, une mise en commun de certains pans de la souveraineté des contractants. Cette trivialité n'a même pas effleuré le savant qui n'a pas à argumenter puisqu'il s'adresse à des sujets qui doivent savoir ingurgiter le gavage politique qu'on leur sert. Le patriotisme, c'est l'amour de son pays. Il est toujours suspect quand il s'accompagne de la haine des autres. C'est d'autant plus vrai pour l'espace nord-africain que seules les vicissitudes de l'histoire récente, l'illégitimité des pouvoirs en place qui ont toujours besoin des "ennemis intérieurs et extérieurs" pour justifier leurs abus et la primauté des intérêts géopolitiques de certaines puissances mondiales ont provoqué et maintenu son éparpillement. Enfin, je rassure notre vigilant patriote qui "a défendu les positions de la diplomatie de son pays au Maghreb" contre les menées d'un "taré" quant à des secrets auxquels j'aurais accès et qui pourraient se retrouver chez nos "ennemis marocains". Contrairement à ce qu'il affirme, je n'ai occupé aucune fonction politique au sein des institutions. Je suis fonctionnaire de l'université depuis 1986. En 2011, j'étais détaché au ministère mais je n'ai jamais occupé la fonction de CES pour la simple raison que la demande qui a été introduite en 2012 a reçu un avis défavorable de la part du DRS, ce qui, en acteur avisé et bien sourcé, n'aurait pas dû lui échapper. Je suis toujours fonctionnaire et rémunéré sur la seule base de mes diplômes. Il urge de mettre à jour les fiches de la tcheka. Mais ce qui est sidérant et en réalité vulgaire, c'est d'accuser avec un tel aplomb le RCD d'avoir bénéficié des quotas alors que l'auteur lui-même a servi dans un gouvernement mis en place par la maison-mère des fraudes. En tant qu'agent qui assume ses accointances, il doit savoir ce que ses chefs savent : le RCD fut et reste, et il s'en honore, l'un des rares partis sinon le seul à n'avoir jamais participé à la curée des quotas. Rappelons quand même que pour pallier la démission du président Zeroual, la police politique se devait d'organiser la fraude électorale au profit de son candidat d'alors, Abdelaziz Bouteflika, ce qui fut fait et l'aristocrate, aujourd'hui déchu, fut désigné comme ministre de la Communication chargé de vendre ce hold-up. Que Bouteflika n'ait pas fait preuve de reconnaissance à son égard en renvoyant de la manière que l'on sait l'impétrant est une autre chose. Enfin, je vais aggraver mon cas en lui rappelant qu'à part "la verticalité" dont il se targue de détenir le monopole, il y a une horizontalité que doivent partager les hommes libres. J'envoie donc ma photo au journal Liberté pour agrémenter ma réponse. Je sais que cette prétention de plébéien indispose les parrains mais il vaut mieux se préparer à vivre dans un monde qui finit si on veut s'épargner les amertumes que produisent les sentiments de fin du monde. O. S. (*) SN du RCD à l'économie et à l'environnement (1) Depuis quelques semaines, MM. Ouamar Saoudi et Abdelaziz Rahabi ont engagé un échange autour de la question relative à la fermeture de la frontière terrestre algéro-marocaine, en particulier, et de la construction maghrébine, en général. L'importance du sujet n'étant pas à démontrer et l'opportunité d'encourager un tel débat nous paraissant évidente, Liberté a bien voulu servir de support à un tel échange d'opinions, même si celui-ci a pris, quelquefois, les contours d'une polémique et même si, par endroits, il a débordé de son objet initial. Sachant que les polémiques ne sont pas toutes forcément stériles et que certaines sont parfois d'une pédagogie indiscutable, notre journal continuera de relayer tout échange susceptible d'éclairer l'opinion. Sur cette question comme sur d'autres. "Liberté"