Résumé : Houria continuera à imposer sa loi. Amar qui craignait pour l'équilibre de sa famille refoule sa colère. Son épouse met au monde une seconde fille. Elle est déçue. Pour passer son temps, elle déambule dans les rues de Paris et découvre un nouveau monde. Cependant, et comme Amar ne lui remettait que le strict minimum de son salaire pour les courses et l'entretien de la maison, elle se met à chercher du travail. C'était autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais la chance lui sourira dans ce domaine. Une ancienne pied-noir qui parlait couramment l'arabe et le kabyle, et qu'elle rencontra dans un monoprix, lui proposera de passer deux fois par semaine chez elle pour faire le ménage et la cuisine. Houria accepte d'emblée. Pour la petite Melaaz, il n'y aura pas de problème, car elle pourra la prendre avec elle, et de ce fait Amar ne saura même pas qu'elle bossait. Non surtout pas. S'il apprenait ce qu'elle faisait ça, il allait sûrement lui mettre des bâtons dans les roues, et lui interdira toute sortie. C'était décidé. Chaque lundi et jeudi, Houria se rendait à son boulot. Maintenant elle gagnait hebdomadairement de quoi satisfaire ses caprices vestimentaires. Et puis pourquoi ne changerait-elle pas de look maintenant qu'elle est devenue "parisienne" par la force des choses ? Elle se contemple un moment dans une glace et défait ses cheveux, coiffés en deux longues tresses. Sans plus attendre, elle se rendit dans un salon de coiffure. Lorsqu'elle en ressortit, elle ne ressemblait plus à cette émigrée qu'on reconnaissait facilement à son aspect physique et à son accent, mais à une femme de mœurs légères ! En guise de coiffure, elle arborait une coupe en broussaille. Et le fameux blond platine, qu'on lui avait appliqué en guise de couleur, lui donnait un aspect ringard qui ne la rajeunissait pas du tout. Elle s'était aussi maquillée d'un rouge à lèvre de couleur écarlate et d'un fard à paupières bleu foncé, qui la faisait ressembler à une clocharde. Mais Houria était heureuse de cette métamorphose qu'elle pensait à son avantage. Elle ne cessait de contempler son reflet dans les vitrines qu'elle dépassait et s'empressait de se rendre à son travail en poussant son landau. Son employée ne la reconnut qu'après plusieurs secondes de surprise, et surtout en apercevant la petite Melaaz qui babillait dans son landau. Elle hésita un moment, puis s'effaça pour la laisser entrer. Mais c'était la dernière fois où elle l'autorisait à mettre les pieds chez elle. Lorsque Amar revint le soir de son travail, il faillit tomber à la renverse. Houria n'était plus la femme qu'il avait ramenée du bled. Elle ressemblait à ces... le mot lui reste en travers de la gorge. Sa femme devenait folle. Il n'en doutait plus. -Qu'as-tu fait à tes cheveux ?, s'écrie-t-il hors de lui. La petite Ghania éclate en larmes, et Meriem, qui travaillait dans sa chambre, accourt pour se blottir dans les bras de son père. -Qu'as-tu fais à ton visage ?, rugit encore Amar. Sans perdre son calme, Houria dépose son bébé dans son berceau et revient vers lui, les mains sur les hanches. -Je ne te plais pas ainsi ? Amar rugit : -Non ! Tu ne me plais pas. Tu ressembles à ces femmes qui racolent dans les quartiers malfamés de la ville. -Moi, je ne racole pas. Je voulais changer. J'en avais marre de ressembler à toutes ces femmes du voisinage qui traînent dans leurs robes kabyles et sont tatouées comme des taulardes. Amar lève la main et la gifle : -Tu es ma femme et j'ai tous les droits sur toi. Tu vas tout de suite te laver le visage et reprendre la couleur naturelle de tes cheveux, sinon je ne répondrais de rien. Un coup à la porte interrompt ses remontrances. Il ouvrit pour se retrouver face à la voisine du palier qui, sous prétexte de demander du sel, était venue s'enquérir de ce qui se passait. Les cris de Amar et Houria étaient parvenus à ses oreilles, et même aux oreilles des autres voisins. - Excusez-moi. Je veux juste un peu de sel si vous en avez. -Nous n'en avons pas, lance Amar d'une voix froide. (À suivre) Y. H.