C'est un Tayeb Louh décidé à ne pas commenter l'actualité politique, mais surtout judiciaire qui s'est laissé aborder par la presse dans la salle des pas perdus du Conseil de la nation. Le ministre de la Justice a évité, jeudi, en marge d'une séance de questions orales au Sénat, de s'exprimer sur des affaires d'une brûlante actualité, dont certaines intéressent la justice. Il a refusé de commenter l'affaire de la cession d'actifs d'El Khabar contestée par le gouvernement, les affaires de corruption au niveau de la justice impliquant l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, ainsi que le récent rapport d'Etat américain. Le ministre a refusé de commenter l'affaire de l'entrée d'une filiale de Cevital dans le capital d'El Khabar, objet d'une plainte du ministère de la Communication. "Je ne commente pas une affaire qui est en justice", a-t-il répondu aux journalistes qui sollicitaient une réaction de sa part. Interrogé, par ailleurs, sur le rapport publié par le secrétariat d'Etat américain selon lequel l'Algérie n'appliquait pas les lois relatives à la lutte contre la corruption se contentant de dire que "la justice algérienne est libre et nul ne peut s'immiscer dans ses prérogatives", il a également botté en touche. S'agissant du cas Chakib Khelil, M. Louh a affirmé que "les tribunaux examinent quotidiennement des milliers d'affaires et la justice en Algérie est indépendante". Concernant l'évolution dans l'affaire de fuite d'un prisonnier du pénitencier d'El-Harrach, Tayeb Louh a déploré la publication par certains journaux d'informations qui "chahutent l'enquête", en affirmant qu'il faudra en attendre la fin pour connaître les résultats. En revanche, le ministre de la Justice, garde des Sceaux s'est révélé prolixe sur les statistiques judiciaires, en faisant état de quelque 2 120 affaires d'atteinte à la pudeur ou à la vie privée, d'injures et de diffamation ayant été présentées l'année dernière devant la justice. En réponse à une question orale lors de la séance plénière du Conseil de la nation, il a rappelé que les lois établies par le législateur algérien en matière de protection des personnes et de leur vie privée tendaient en premier lieu, à "moraliser la société avec ses différentes composantes dont la société civile et les militants dans le domaine politique et autres". M. Louh a indiqué également que le nombre d'enlèvements enregistrés en 2015 est de 15 cas, pour rappeler les principales mesures adoptées par les autorités pour lutter contre ce fléau, notamment le "plan d'alerte", qui est lancé dès le signalement d'une disparition ou d'un enlèvement d'enfant. Concernant la détention provisoire, il a affirmé que celle-ci figurait parmi les priorités dans le processus de réformes du secteur de la justice. Quant à la comparution immédiate, elle a donné des "résultats positifs" depuis son entrée en vigueur le 24 janvier 2016, a indiqué le ministre de la Justice, avant de poursuivre que le nombre de détenus a reculé de moitié. Amar R.