-Maria ! Viens ici ! Tout de suite ! Lorsque la jeune fille reconnaît la voix de son beau-père Mohamed, elle ne peut s'empêcher d'avoir un frisson. Un frisson de peur. De dégoût. Il y a à peine deux heures, il lui avait donné deux gifles. Ses joues sont encore brûlantes, et depuis, elle a une migraine qui lui donne l'impression que sa tête va éclater. Maria lui en veut trop pour écouter la voix de la raison qui lui souffle d'obéir. Elle fait semblant de ne pas l'avoir entendu et continue à rincer le linge dans la salle de bain. Avant, elle prend la précaution de fermer la porte à clef. -Maria ! Elle sursaute quand la porte est ébranlée par une pluie de coups. -Qu'est-ce qui te prend de t'enfermer ? Comme si une effrontée comme toi peut bien avoir peur ? Ouvre ! -Mohamed, laisse-la ! Maria a soupiré de soulagement en constatant que sa mère Ouiza était de retour du jardin. Elle allait lui éviter une autre paire de gifles. La jeune fille ouvre la porte et s'en écarte. Son beau-père et sa mère entrent dans la salle de bain. Elle recule jusqu'au mur et attend un nouveau déluge d'insultes comme seul son beau- père savait le faire. -Mais qu'est-ce que tu lui veux Mohamed ? Tu vois bien qu'elle est occupée à rincer ton linge et celui de non enfants ! -J'avais besoin d'elle ! -Dis-moi ce dont tu as besoin et laissons-la terminer sa corvée !, dit Ouiza, en prenant son bras, l'invitant à sortir de la pièce. Mais son mari ne bouge pas. -Non ! Quand je l'appelle, elle doit m'obéir ! C'est quoi cette éducation ? Qui la voudrait pour femme ou pour bru ? Tu te rends compte que si je ne la corrige pas, elle nous restera sur les bras toute la vie ! Elle ne se mariera jamais ! C'est pourquoi je dois bien l'élever ! Quelques coups et elle tirera une leçon à vie de mes enseignements ! -Elle a reçu assez de gifles pour aujourd'hui !, répond Ouiza, s'accrochant à son bras pour l'en empêcher. Allez, reviens à la raison ! Les coups n'arrangent rien ! Je suis là à ta disposition si tu as besoin de quoi ce soit ! Ma fille ne peut pas être partout à la fois ! - Non ! Je veux que ce soit à Maria !, rétorque-t-il en la repoussant. Aussi, ne t'avise plus à la défendre ! Elle est aussi ma fille, dit Mohamed. Cela fait 10 ans qu'elle est sous ma responsabilité ! Je la considère comme ma fille ! -Je sais ! Je sais, mais je trouve que tu en fais trop !, lâche Ouiza. Elle n'a que 15 ans, c'est seulement une enfant !, la défend-elle. Elle est un peu têtue, reconnaît-elle. Il faut que tu la comprennes ! -Ecoute, apparemment, tu n'as pas besoin de moi ! Je vais partir ! Tu t'en sortiras toute seule, dit Mohamed en sortant de la salle de bain. Puisque tu discutes mes ordres, débrouille-toi avec eux ! Quand Ouiza le voit aller dans leur chambre, elle le suit. Elle s'affole. Mohamed est en train de prendre ses papiers et de l'argent. Elle devient pâle en le voyant prendre un sac de sport et l'ouvrir pour y jeter les vêtements qu'il retirait de sa commode. -Tu n'es pas sérieux ? Tu ne vas pas partir !, s'écrie-t-elle. Pas à cause d'elle ! (À suivre) A. K.