La fondation Slimane-Amirat a organisé, hier, au Palais de la culture, à Alger, une conférence consacrée à l'homme d'Etat et leader nationaliste, Ferhat Abbas. Dans son allocution d'ouverture, Zoubida Amirat, la veuve du défunt moudjahid Slimane Amirat, a déploré la méconnaissance, par beaucoup de jeunes Algériens, de l'histoire de cet ancien pharmacien de Sétif, qui a été le premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et le premier président de l'Assemblée nationale constituante, après l'indépendance du pays. S'exprimant sur le combat de cette "figure historique" décédée en décembre 1985, à Alger, la présidente de la fondation a également insisté sur le rôle joué par Ferhat Abbas dans le mouvement national, en rappelant plus loin les propos tenus par le "promoteur des libertés fondamentales" qui, au crépuscule de sa vie, avait annoncé : "Je ne convoite ni pouvoir ni honneurs. Je veux seulement dire, devant mon pays, ce que j'ai vu et ce que je pense." Lors de la rencontre, les intervenants se sont penchés sur le parcours et les positions de Ferhat Abbas, qui est né le 24 août 1899, à Taher, dans la wilaya de Jijel. Etudiant en pharmacie à la Faculté d'Alger, ce dernier occupera divers postes de responsabilité : vice-président de l'Amicale des étudiants musulmans d'Afrique du Nord, puis président et ensuite vice-président de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF). Il a publié plusieurs livres, dont Le jeune Algérien, Testament, L'indépendance confisquée et Demain se lèvera le jour (ouvrage posthume). L'autre facette, souvent ignorée du moudjahid, est celle du journaliste à la plume combattive. Un journaliste militant qui finira par créer ses propres journaux, L'Egalité et La République algérienne. D'après les intervenants qui se sont succédé, le contenu journalistique et les éditoriaux de Ferhat Abbas sont toujours là pour nous éclairer sur la position de ce dernier concernant "la question algérienne". De plus, laissera entendre le Dr Khaïla, on ne saurait dissocier le parcours de Ferhat Abbas des événements du 8 Mai 1945. Le conférencier a rappelé en outre que même si l'ancien leader de l'UDMA était l'un des rares musulmans à avoir poursuivi des études universitaires durant la période coloniale, il restera du côté des humbles et de son peuple, et respectueux de "la personnalité musulmane". Le Dr Khaïla a aussi abordé les positions politiques de Ferhat Abbas et de Messali Hadj, en faveur de l'indépendance de l'Algérie, en étant convaincu que la Révolution de Novembre 1954 est la résultante des sacrifices et du travail militant effectué par les nationalistes, plusieurs décennies auparavant. De son côté, le journaliste et essayiste Hocine Mezali, auteur du livre Ferhat Abbas, un homme, un visionnaire, est revenu sur le "cheminement politique et intellectuel" de cette figure phare de la guerre de Libération nationale. "Ferhat Abbas était un grand monsieur. Il avait une perception des choses qu'on ne retrouve pas aujourd'hui chez nos hommes politiques", a confié notre confrère, en déplorant les mensonges colportés sur ce militant, pour le faire passer pour "un vendu". H. Ameyar