Acculé en Irak, où l'opération de libération de Falloujah a été lancée hier, l'autoproclamé Etat islamique se repositionne en Syrie et affiche son intention de s'installer au Yémen où ses attaques hier matin ont fait respectivement 121 morts à Tartous et Jablé, et 41 à Aden. L'organisation terroriste dispute le terrain dans ces deux pays aux deux filiales d'al-Qaïda, que sont le Front al-Nosra et Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa). En Syrie, une série de sept attentats, qui a fait plus de 120 morts dans des fiefs du régime syrien de la région côtière, a été revendiqué par le groupe terroriste Etat islamique. Les attaques ayant visé les villages de Tartous et Jablé sont inédites dans cette région, épargnées jusque-là par la guerre qui ravage la Syrie depuis cinq ans. Au total, la police a fait état de quatre voitures piégées et de trois attentats suicide, tandis que l'OSDH a rapporté deux attentats à la voiture piégée et cinq attaques kamikazes. Si cette ONG a établi le bilan à au moins 121 morts et des dizaines de blessés, la quasi-totalité des civils, l'agence officielle syrienne de presse Sana fait état de 78 morts. Ces attaques sont également les plus meurtrières depuis 30 ans dans ces bastions des Alaouites, communauté minoritaire à laquelle appartient le chef de l'Etat Bachar al-Assad. Pour rappel, 144 personnes ont été tuées le 16 avril 1986, lorsque des bombes avaient explosé à Tartous et dans d'autres localités avoisinantes. Les autorités de l'époque avaient accusé la confrérie des Frères musulmans avec l'appui financier de l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein. Au Yémen, l'Etat islamique s'est acharné sur les forces gouvernementales yéménites et sur les jeunes soldats qu'elles tentent de recruter dans le sud du pays. Un double attentat dans le quartier de Khor Maksar, non loin de l'aéroport international d'Aden, a fait au moins 41 morts hier. Il a visé des recrues de l'armée et une base militaire à Aden. C'est le deuxième en moins de dix jours à viser les forces que le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, en guerre contre les rebelles, cherche à mettre sur pied pour sécuriser les zones sous son contrôle. Dans la matinée, un kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs parmi des dizaines de jeunes recrues rassemblées devant un bureau d'enrôlement à Khor Maksar, faisant au moins 34 morts. Peu après, une forte explosion a secoué la base militaire Badr, où 7 soldats ont été tués. Les attaques, revendiquées ou attribuées à des groupes terroristes, contre des symboles de l'Etat yéménite se sont multipliées ces derniers mois dans le sud et le sud-est du pays, dans une apparente tentative d'entraver les efforts du gouvernement de remettre sur pied l'armée et les forces de sécurité. Le 15 mai, un kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs parmi des dizaines de jeunes recrues de la police à Moukalla, chef-lieu du Hadramaout, faisant 41 morts et plus de 50 blessés. Cet attentat avait été revendiqué par l'Etat islamique. M. T./Agences