1er chapitre la fugue Résumé : Maria devient la confidente du vieil homme. Sa vie serait vide sans cet hôtel qui l'occupe. Ses enfants installés ailleurs ne venaient pas lui rendre visite. Un jour, il entreprend de lui faire des papiers en utilisant ceux de sa fille décédée il y a longtemps. Maria ne doit en parler à personne... Maria le lui promet. Elle le remercie pour sa générosité. Elle n'a pas refusé son argent. Le sien servirait à payer autre chose. Elle a beaucoup de projets. Elle n'a pas fui la brutalité de son beau-père pour rester avec lui. Certes, elle lui était reconnaissante de l'aider, de l'adopter. Elle a bien compris qu'il est en manque d'affection. Elle sent bien qu'il s'est attaché à elle. S'il espérait autre chose, il allait être déçu. Certains de ses gestes la mettaient mal à l'aise. Maria se raisonne. Tant qu'elle n'aura pas de papiers, elle sera contrainte à rester dans cet hôtel du vieux quartier d'Alger. La jeune fille se prépare pour sa sortie. Yamina ne tarde pas à passer à l'hôtel pour l'emmener à la mairie. -Je suis surprise, lui dit-elle. On ignorait que Da Ramdhan avait une fille ! Tu es belle ! Mais tu ne tiens pas de lui... -Je ressemble à ma mère, répond Maria. Allah yerhemha ! Qu'elle repose en paix... -Mais où étais-tu pendant tout ce temps ? -Parfois chez mes frères, mais depuis qu'ils sont mariés, j'étais chez mon oncle, raconte la jeune fille, sur le ton de la confidence. Mais dernièrement, ça n'allait plus chez lui ! J'ai préféré rejoindre mon père ! Je suis décidée à rester, que ça lui plaise ou pas ! -Pourquoi tu dis ça ?, l'interroge Yamina. -Il a tout fait pour que je reste au village ! Je veux vivre à Alger et faire quelque chose de ma vie ! Je me sens bien ici ! Maria se sent en confiance avec elle. Le courant passe bien entre elles. Yamina l'emmène chez un photographe, et quelques minutes après, elles partent à la mairie. Grâce à elle, la procédure ne leur prend pas beaucoup de temps. Yamina qui avait pris son après-midi l'emmène faire les boutiques, puis l'invite à s'asseoir à la terrasse d'un salon de thé. Un serveur vient prendre leur commande. Maria choisit une glace au chocolat et Yamina un jus de citron. C'est l'occasion pour Maria de s'ouvrir à elle, de lui poser des questions. -Qu'est-ce que je pourrais faire ? Il faut que je travaille, dit-elle. Je ne veux pas dépendre de mon père et il se fait vieux. -Mais tu m'as dit que tu n'as pas fait d'études, répond Yamina. Et puis, même s'il est vieux et quitte ce bas monde, il vous laissera l'hôtel en héritage ! Si tu avais étudié la comptabilité, tu aurais pu t'en occuper ! -Mes frères n'accepteront jamais ! Je veux faire autre chose ! Après tous les problèmes que j'ai eus avec eux et leurs femmes, je pense que tu peux comprendre ! -Oui, oui... Ecoute, si tu es habile, tu pourras apprendre la couture et la broderie ! Je connais une professeure au centre de formation. Je sais qu'elle s'occupe d'un groupe de femmes au foyer ! Je pense qu'elle acceptera de te prendre sous son aile ! Mais, conditionne-t-elle, il faudra que tu sois la meilleure ! Tu devras vite apprendre! -Oh que oui ! Je te le promets ! Il est près de 18h lorsqu'elle la ramène à l'hôtel. Cette première sortie lui a permis d'avoir des perspectives d'avenir. Elle est heureuse et cela se voit. Mais elle perd vite son sourire lorsque aâmi Ramdhan l'accueille froidement, les lèvres pincées, les sourcils froncés. Il n'attend pas que Yamina soit partie pour lui passer un savon. -C'est quoi ces manières de rentrer aussi tard ! Je t'avais permis de faire les boutiques, mais pas de rentrer à la nuit tombée ! Ne recommence plus ! Yamina intervient. -Aâmi Ramdhan, c'est moi qui ai tenu à lui faire visiter le quartier, à lui donner des repères ! Pour qu'elle ne s'égare pas si elle sort toute seule ! Ne crie pas après elle ! C'est entièrement de ma faute ! -Allez, rentre chez toi ! Ton père doit être aussi inquiet que moi !, la congédie-t-il. Mais ne recommencez plus ! Yamina part sans dire au revoir, et Maria, une boule dans la gorge, ne trouve pas la force de se défendre. Elle monte dans sa chambre et s'y enferme... (À suivre) A. K.