Depuis la mort d'Eric Garner en juillet 2014, suivie de celle Michael Brown un mois plus tard, tués par des policiers, les Etats-Unis ont connu une dizaine d'autres cas, à l'origine d'un vaste mouvement de protestation dénonçant ce racisme policier anti-noir qualifié par Obama de "grave problème". Les Etats-Unis sont sous le choc et...sous tension au lendemain de l'assassinat de deux jeunes noirs par des policiers, puis de cinq policiers par des tireurs embusqués à Dallas lors d'une manifestation contre le racisme. Le drame a eu lieu dans la nuit de jeudi à hier. Tout avait commencé aux environs de 2 heures GMT, lorsque deux hommes ont commencé à tirer sur des policiers alors que les manifestants s'apprêtaient à se disperser au centre de Dallas, où la veille deux jeunes noirs sont tombés sous les balles des forces de l'ordre. Bilan de la fusillade : cinq policiers tués et 9 personnes blessées dont, cinq tireurs abattus et l'un d'eux s'est rendu, selon plusieurs sources et les médias américains. Les autorités américaines ont affirmé que les tireurs ont clairement visé les policiers, blessant un civil. Des manifestations avaient été organisées dans d'autres villes pour dénoncer la mort de deux Afro-Américains, tués par des policiers en moins d'une semaine, l'un en Louisiane (Sud), l'autre dans le Minnesota (Nord). Une tragédie qui s'ajoute à une dizaine d'autres drames depuis juillet 2014 à travers tout le pays, alors que les Etats-Unis sont en pleine préparation de la présidentielle de 2016, marqué par une montée du discours raciste et xénophobe de la part du candidat républicain Donald Trump. Un discours qui a provoqué des remous dans la société américaine et suscité l'indignation à l'échelle internationale, y compris chez les alliés traditionnels de Washington. Réagissant à ce qu'il a qualifié une "immense tragédie", le président des Etats-Unis Barack Obama a dénoncé d'abord des "attaques haineuses, calculées et méprisables" avant d'alerter les Américains sur ce "grave problème" qu'est le racisme anti-noir, qui prolifère ces dernières années au sein de la police. Le chef d'Etat américain n'a pas manqué aussi de souligner les "les disparités raciales dans le système de justice". À noter que les manifestants avaient des pancartes et des T-shirts appelant à "Arrêter d'exécuter les Noirs" et "Mains en l'air, ne tirez pas", des centaines de manifestants, de tous âges et origines, se sont rassemblés jeudi soir devant la résidence du gouverneur à Saint Paul, capitale du Minnesota. À Manhattan, plusieurs milliers de personnes se sont dirigées vers Times Square en scandant notamment "Assez" et "Black lives matter", (Les vies des Noirs comptent), du nom du mouvement qui dénonce les violences policières contre les Afro-Américains. mais cette colère des "Noirs" a commencé à prendre de l'ampleur depuis août 2014, après qu'un jeune ait été froidement abattu par un policier à Ferguson, dans le Missouri. Le policier a été acquitté quelques mois plus tard, provoquant un tollé, ce qui a alimenté un véritable sentiment d'injustice, mais aussi d'impunité, aboutissant à d'autres cas de violences policières à travers plusieurs Etats. Hier, le chef de la police de Dallas David Brown a estimé, lors d'un point de presse, que la "fracture" entre policiers et citoyens doit cesser. "Il n'y a pas de mots pour décrire l'atrocité qui a touché notre ville. Tout ce que je sais, c'est qu'il faut qu'elle cesse, cette fracture entre notre police et nos citoyens", a-t-il insisté. Lyès Menacer