Le RCD estime que son implantation dans cette région "n'agrée pas les chapelles clientélisées à souhait". Quelle mouche a donc piqué le secrétaire général de la wilaya de Tamanrasset pour adresser une correspondance, pour le moins surprenante, au bureau régional du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), au lendemain de la tenue d'une activité des plus ordinaires ? L'activité en question consistait en une réunion de la jeunesse du RCD, tenue mercredi dernier, 10 août, à la maison de jeunes Houari-Boumediene de cette grande ville du Sud. Si l'activité s'est tenue le plus normalement du monde et, donc, sans le moindre incident, le SG de la wilaya de Tamanrasset a, dans sa correspondance datée du 14 août, soit quatre jours après, reproché aux organisateurs d'avoir "déplacé le portrait géant du président Abdelaziz Bouteflika" qui se trouvait dans la salle. Ce qu'il qualifie de "comportements irresponsables et dangereux portant atteinte aux symboles de l'Etat", voire à "l'ordre public". Il s'appuie sur l'article 09 de la loi 19-91 du 2 décembre 1991 stipulant qu'"il est interdit dans toute réunion ou manifestation de s'opposer aux constantes nationales, de porter atteinte aux symboles de la Révolution du 1er Novembre, à l'ordre public et aux bonnes mœurs". Un reproche que le RCD dit ne pas comprendre, d'autant que les deux agents des Renseignements généraux (RG), dépêchés à cette rencontre, par ailleurs ouverte aux citoyens, n'avaient fait aucun commentaire concernant le déplacement du portrait du président de la République. Ces derniers n'auraient, en revanche, pas apprécié la présence de l'étendard de l'amazighité à côté du drapeau national. Ce que la correspondance de la wilaya n'évoque pas, préférant focaliser sur le déplacement du portrait du président de la République et s'appuyer sur l'article suscité. Dans un communiqué rendu public hier, le parti de Mohcine Belabbas se défend en estimant qu'"aucun fait durant cette rencontre ne tombe sous les qualifications", cité par l'article mis en avant par les services de la wilaya. Conscient de "l'élasticité de cet article", le RCD rappelle qu'il a "construit son action sur les valeurs de la Révolution algérienne, notamment le combat pour l'avènement d'un Etat démocratique et social consigné dans la plateforme de la Soummam". Et que cet article de loi est donc invoqué "à tort" par le SG de la wilaya de Tamanrasset, visiblement à court d'arguments, mais qui, pour autant, ne s'arrête pas là : il menace de ne plus autoriser, dorénavant, les activités du RCD dans (sa) wilaya. "Sur ce, prévient-il dans sa missive, nous attirons votre attention que l'administration prendra en compte ces comportements et ne s'engagera à délivrer aucune espèce d'autorisation pour tout type de réunion que vous projetteriez d'organiser". Une interdiction contraire à la Constitution et aux lois de la République que le RCD dénonce vivement. "Nous voilà donc instruits que dans une wilaya de la République, la Constitution et les lois sont suspendues pour empêcher les activités du RCD ; une sorte d'Etat d'exception à notre encontre, décidé par le secrétaire général d'une wilaya", lit-on dans le communiqué du RCD. Le comble, c'est que le SG de la wilaya de Tamanrasset a emballé son message dans un discours pour le moins insensé en évoquant "des comportements qui portent atteinte et à la réputation du parti et à l'ordre public". Il est à se demander, au demeurant, en quoi la réputation d'un parti concernerait ce commis de l'Etat ? La direction du RCD et ses militants, souligne-t-on dans le même communiqué, "savent que la qualité de notre implantation dans cette région n'agrée pas les chapelles clientélisées à souhait". Farid Abdeladim