"Ces personnes utilisent leur poste de responsabilité pour réaliser leurs intérêts personnels contre celui des sportifs (...), et le résultat, on le constate lors de ces jeux Olympiques", a pesté l'athlète à l'issue de son honorable participation à l'épreuve du 1 500 m. Taoufik Makhloufi, le double médaillé d'argent aux jeux Olympiques de Rio, dans l'épreuve du 800 m et celle du 1 500 m, n'a pas mâché ses mots à l'issue de sa participation à sa seconde finale. Il s'est attaqué avec véhémence aux responsables des sports, soit le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), le Comité olympique algérien (COA) et aussi la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA). Il faut dire que l'enfant de Souk-Ahras a bien vidé son sac. Il a même oublié, un moment, qu'il était devenu une vraie légende de l'athlétisme algérien après ces deux médailles olympiques décrochées à Rio, une performance qui est une première dans les annales du sport en Algérie. "L'Etat algérien a dégagé des moyens considérables pour aider les athlètes à se préparer dans les meilleures conditions, malheureusement, certains responsables du sport en Algérie, à tous les niveaux, n'ont pas été à la hauteur de la mission qui leur a été confiée. Ils ont déçu le peuple algérien et les pouvoirs publics", a indiqué Makhloufi à la presse présente à Rio, hier soir, au stade olympique Joao-Havelange. Et de poursuivre : "Ces personnes utilisent leur poste de responsabilité pour réaliser leurs intérêts personnels contre celui des sportifs. J'ai souffert pendant quatre ans depuis mon titre olympique de Londres, alors que dire des autres athlètes anonymes ? Le gouvernement a alloué de gros moyens pour aider les athlètes algériens, mais ces personnes ne pensent qu'à leurs intérêts, et le résultat, on le constate lors de ces jeux Olympiques. Il faut que ces responsables se réveillent", a-t-il ajouté. Taoufik Makhloufi, qui a offert à l'Algérie les seules médailles de toute la délégation algérienne, est allé loin dans ses accusations sans pour autant citer de noms. "Ils ont essayé de me nuire par tous les moyens, ils m'ont donné des miettes alors que je suis un champion olympique depuis quatre ans. Les sportifs algériens présents à Rio auraient pu faire mieux, malheureusement, ces responsables ont tout fait pour porter la responsabilité de l'échec de la participation algérienne aux athlètes. Ils ont même douté de ma participation aux JO et certains d'entre eux se sont empressés sur les plateaux de télévision pour me dénigrer ou dire des contrevérités", a-t-il confié. On sait que depuis quatre ans, le champion olympique algérien est en froid avec les responsables du sport en Algérie, notamment après sa médaille d'or décrochée en 2012 à Londres. Le champion olympique a souffert le martyre avec le MJS de l'époque, M. Tahmi notamment, avec l'histoire du blocage des subventions qui avait handicapé à tous points de vue Makhloufi dans sa préparation. "Ils n'ont pas cessé de dire que Makhloufi a eu tout, deux appartements, une voiture, une villa, alors que moi, j'insistais sur le retard enregistré dans ma préparation aux jeux Olympiques à cause d'un blocage administratif. Le résultat obtenu à Rio est le fruit des sacrifices consentis et grâce également au soutien du peuple algérien et de certaines personnes en dehors du domaine du sport dont je préfère taire les noms pour ne pas les déranger", a expliqué le coureur algérien. Par ailleurs, Taoufik Makhloufi a tenu à rendre hommage aux autres athlètes algériens ayant pris part aux JO de Rio qui, pour lui, n'ont pas démérité, notamment ceux de la boxe et du judo. "Je dédie ma médaille à tous les boxeurs et judokas qui ont fait beaucoup d'efforts pour se qualifier aux Jeux de Rio de Janeiro. Malheureusement, même après leur qualification, ils n'ont pas été bien pris en charge pour espérer réussir de meilleurs résultats, donc je vais dire que le fait de se qualifier à ces Jeux est un exploit en lui-même. Je dédie aussi mes deux médailles à tout le peuple algérien." De son côté, Mahour Bacha, l'entraîneur du décathlonien algérien Larbi Bouraâda (classé 5e aux JO de Rio), n'a pas manqué, lui aussi, de tirer la sonnette d'alarme et de dénoncer l'amateurisme des responsables du sport en Algérie dans tous les domaines, notamment après la fameux incident qui a contraint Bouraâda à prendre un taxi pour se diriger vers une clinique privée pour des soins juste après les épreuves du décathlon car la voiture prévue à cet effet avait été détournée à des fins personnelles par deux officiels de la délégation algérienne ! Sofiane Mehenni