La rentrée sociale de cette année restera indéniablement dans la mémoire des familles. Elle sera marquée, essentiellement, par son caractère budgétivore. Les ménages seront, une fois de plus, sollicités pour faire face à de fortes dépenses, tant est que la fête de l'Aïd el-Adha coïncide cette année avec la rentrée scolaire. Une virée dans certains commerces de la capitale pour prendre la température des prix des fournitures scolaires renseigne sur la difficulté à laquelle seraient confrontées les familles, notamment celles dont les revenus sont modestes. Reportage. À Saïd-Hamdine, Aymen, jeune buraliste, nous apprend que les prix des fournitures scolaires ont connu une hausse considérable par rapport à celles de l'année passée. Un cahier de 188 pages est passé de 100 DA à 135 DA. "J'ai hésité avant de passer une commande d'articles scolaires, car je sais que les parents iront vers les articles bas de gamme." Il a assuré que les articles qu'il propose à la vente "sont de meilleure qualité". La pâte à modeler est cédée entre 60 et 75 DA, les ardoises entre 150 et 300 DA, les ciseaux à 65 DA pour les moins chers, les crayons de couleurs ont connu une hausse considérable. Aymen nous informe qu'une boîte de 6 crayons d'une marque locale a été vendue l'an dernier à 50 DA. "Aujourd'hui, le même prix de détail de l'année passée est celui de l'achat à l'usine", a-t-il dit. "J'ai une marque de crayons d'importation que je vends à 1 500 DA", a-t-il ajouté, précisant que les produits importés ont aussi connu une hausse. Alors que nous discutions avec Aymen, qui est aussi propriétaire d'une librairie à Bab-Ezzouar, Rafik, accompagné de ses deux filles, entre dans le magasin pour s'acheter quelques articles scolaires. "Je préfère acheter les articles indispensables en attendant la rentrée", a-t-il dit, indiquant que ses filles sont en 2e et 5e années primaires. "Il faut au moins débourser quelque 7 000 DA pour satisfaire la demande des deux filles", a affirmé Rafik, qui a souligné que pour cette année, il n'achètera ni les blouses ni les cartables dont les prix ont presque doublé par rapport à l'année passée. À Bir-Mourad-Raïs, les quelques parents rencontrés sont unanimes à dire que cette rentrée n'est surtout pas comme les autres. "Nous avons beaucoup de dépenses", regrette Rachid, agent d'administration. Il ne cache pas sa crainte de revoir à la baisse le budget réservé à la fête de l'Aïd. "Je ne peux pas répondre à la fois à plusieurs exigences avec le salaire que je perçois." Père de quatre enfants, tous scolarisés, Rachid estime que pour satisfaire toutes les demandes, "il faut un salaire de quelque 80 000 DA le mois". "Hormis ces fournitures, il faut aussi penser à habiller l'enfant pour la circonstance", a ajouté Rachid. À Garidi, chez Uno, même si les familles se bousculent, notamment en début de soirée, devant les étals des articles scolaires, rares sont celles qui sortent des locaux d'Uno avec un grand sourire. Hamid, caissier chez Uno, a remarqué que certaines familles, qui achètent habituellement des articles de marques connues, "hésitent cette année". "Notre clientèle est connue. Il s'agit généralement de cadres et de chefs d'entreprise qui viennent acquérir des produits de marques étrangères", a-t-il dit. Sauf que, a-t-il ajouté, "même les produits locaux ne sont pas toujours à la portée de tous". À Saoula, Birkhadem, Baba Ali ou encore à Draria, tous les commerçants et les parents rencontrés étaient unanimes à parler des prix exagérés des fournitures scolaires. Mohamed Mouloudj