Epuisées par le Ramadhan, les familles font face aux nouvelles dépenses de la rentrée scolaire. Jamais deux sans trois. La rentrée scolaire, le Ramadhan, bientôt l'Aïd, trois échéances lourdes à supporter. A la veille de l'Aïd El Fitr, les nerfs des pères de famille sont mis à rude épreuve. Comment composer avec ce qui reste de leurs bourses pour gérer les derniers jours du mois sacré, offrir aux enfants les vêtements de l'Aïd mais aussi les affaires scolaires pour la rentrée des classes? «Pour cette année, les vêtements de l'Aïd seront ceux pour la rentrée. Mais cet avantage n'a plus d'importance avec les prix élevés des habits et des articles scolaires», se plaignait à l'APS une mère de famille accompagnée de ses deux enfants, un garçon à la quinzaine et une fille qui fera son baptême du feu avec les classes durant ce mois de septembre. D'après cette dame venue prospecter les tendances du marché de l'habillement au niveau de Kouba, «les vêtements pour enfants semblent plus chers que ceux des adultes». «Avec des pantalons de pas moins de 1600 DA, des chaussures d'au moins 2000 DA ou des pulls de 800 à 1000 DA, il faudrait entre 6000 et 7000 DA pour habiller un enfant en classe moyenne et l'équiper avec tout ce qu'il faut pour entamer l'année scolaire», a-t-elle commenté. La situation n'est pas très différente dans les autres quartiers de la ville d'Alger où les prix des habits et des articles scolaires demeurent chers, alors que les gens qui s'en plaignent continuent, tout de même, d'acheter pour satisfaire les caprices de leurs enfants quitte à achever ce qui reste de la bourse déjà épuisée par le Ramadhan. Les magasins de luxe ne sont pas les seuls à avoir réussi à attirer les gens puisque la production locale, bien que d'une qualité souvent moins bonne, connaît encore un certain engouement auprès d'une bonne tranche de la société algérienne. Avec des modèles à la mode et des prix moins élevés pour les deux sexes, les vêtements portant le label «Made in Algeria» ont pu résister, tant bien que mal, à la mondialisation et surtout à l'invasion de la production chinoise. «Il est bien évident que ces vêtements sont des imitations des grandes marques internationales, mais je pense que beaucoup de gens trouvent ici ce qui leur convient», a confié un vendeur d'habits de garçons au marché de Douéra (banlieue Ouest d'Alger) assurant avoir réussi à établir un certain équilibre dans le rapport très tendu, qualité-prix. Par ailleurs, les prix des articles scolaires ont, pour leur part, connu une forte hausse essentiellement due, selon des grossistes, à la baisse de l'offre dans l'industrie du papier en raison de la crise financière mondiale de 2008-2009. Les prix des cahiers de différents volumes et formats ont grimpé de 15% à 25% par rapport à la rentrée précédente. Même constat pour les autres affaires comme les cartables, stylos, crayons ou protège-cahiers. Durant cette période de double dépense, les familles démunies attendent avec impatience le versement de la prime spéciale de scolarité de 3000 DA par élève décidée par le président de la République. Pour la rentrée 2010, quelque trois millions d'élèves bénéficieront de cette prime, alors que l'enveloppe financière consacrée à cet effet est de 900 milliards de centimes, selon le ministère de l'Education nationale. Mais au vu de la tendance infernale du marché, cette prime ne pourrait, cependant, couvrir qu'une infime partie des interminables dépenses relatives à la scolarisation.