Désormais, l'Algérie doit apprendre à vivre avec un baril de pétrole moins cher pour les quelques mois à venir. Le projet de loi de finances 2017 (LF), approuvé hier par le Conseil des ministres, tient compte de cette lourde contrainte. À travers ce texte, le gouvernement a pris la décision de réviser de nouveau sa politique budgétaire. Le projet de la LF 2017 vise, dans son volet budgétaire, la "soutenabilité des finances publiques soumises depuis plus de deux années à une chute sévère des prix des hydrocarbures", explique le communiqué de la réunion de l'Exécutif. Etabli sur la base d'un baril de pétrole à 50 dollars, le projet de budget affiche un montant de 5 635,5 milliards de dinars (mds DA) de recettes, soit une hausse de près de 13% par rapport à celles de l'exercice 2016. La fiscalité ordinaire rapportera, quant à elle, 2 845,4 mds DA, en progression de 3,5%, alors que les revenus de la fiscalité pétrolière sont projetés à 2 200 mds DA. L'exécutif reconnaît ainsi les "difficultés financières" qui entourent l'élaboration du projet de budget pour l'exercice 2017. Au prix de 50 dollars le baril, où il s'est plus au moins stabilisé ces dernières semaines, l'Algérie qui a besoin d'un minimum de 90 dollars par baril pour financer son développement économique et sa politique sociale, devra se préoccuper sérieusement de ce manque de finances nécessaires et réfléchir sur les voies et moyens à même de mobiliser dans l'immédiat d'autres ressources hors hydrocarbures. Avec de telles projections, le gouvernement pourrait-il espérer réduire le déficit colossal du budget évalué à 26 milliards de dollars) et de la balance des paiements de 27 milliards prévu pour 2016 ? Pourrait-il faire face à cet amenuisement inexorable des réserves de change ? Une chose est certaine, le projet de budget affiche des dépenses, d'un montant de 6 883,2 mds DA réparti entre 4 591,8 mds DA pour le volet fonctionnement et 2 291,4 mds DA en crédits de paiements pour le volet équipement. Ce qui donne un solde global du Trésor en déficit de 8%, contre un déficit de 15% en 2016, soit une réduction de près de la moitié. Une enveloppe de 1 630,8 mds DA seront alloués aux transferts sociaux soit 23,7% du budget de l'année 2017. De ce montant, 413,5 mds DA seront destinés au soutien aux familles, essentiellement à travers la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires), 330,2 mds DA au soutien à la santé et 305 mds DA aux programmes nationaux de logement. Le texte accompagne, selon le communiqué, le "Nouveau modèle de croissance", indique un communiqué du Conseil des ministres qui précise que ce projet traduit la volonté des pouvoirs publics de soutenir, à la fois, la croissance de l'économie et l'effort de l'Etat pour le développement social, notamment le soutien aux couches défavorisées. L'Etat est tenu, de ce fait, de continuer à réduire ses dépenses et à chercher de nouvelles ressources de financement. Car, à ce rythme de dépenses, le Fonds de régulation des recettes (FRR) ne va pas tenir. Il n'est plus possible de continuer à utiliser cet argent pour payer les salaires et procéder à des dépenses inutiles. Certains économistes proposent une nouvelle dévaluation de la valeur du dinar car il n'est toujours pas possible de procéder à une véritable réduction des importations pour le moment. La convertibilité du dinar va servir, entre autres, disent-ils, à préserver les réserves de change. B. K.