Le ministre a également exclu une ouverture prochaine des lignes intérieures aux compagnies privées, comme Aigle Azur. Le transport aérien comme le capital de la compagnie aérienne Air Algérie ne seront pas ouverts au privé dans l'immédiat. C'est ce qu'a réaffirmé Mohamed Meghaloui, ministre des Transports, hier lors de son passage au forum d'El Moudjahid. Ainsi, le vœu formulé dernièrement par Arezki Idjerouidène, P-DG d'Aigle Azur, d'investir dans la desserte des lignes intérieures ne sera pas exaucé de sitôt. Pour le moment, la priorité pour l'Etat algérien est, selon M. Maghlaoui, à la restructuration d'Air Algérie et à la revalorisation des petites compagnies à l'image de Tassili Airlines. L'objectif est que d'ici fin 2005, la compagnie nationale puisse disposer d'une flotte “très récente”, dont la moyenne d'âge des appareils ne dépasserait pas les trois ans et demi. “Oui, le capital d'Air Algérie sera ouvert. Mais cela ne se fera que lorsque sa restructuration arrivera à son terme. Ce qui lui permettra de trouver un partenaire valable”, a-t-il indiqué. Aussi, on peut comprendre par là que l'ouverture du secteur du transport aérien et du capital d'Air Algérie ne pourraient intervenir qu'en 2006. Pour ce qui est des prix de la compagnie Air Algérie, M. Maghlaoui ne les trouve pas du tout élevés comparés à ceux pratiqués en Tunisie, au Maroc ou en France. Il ne disconvient pas toutefois que ceux-ci ne sont pas à la portée de toutes les catégories sociales. Promesse est aussi faite par le ministre que, dans certaines régions du pays (les wilayas du Sud certainement), l'Etat subventionnera les prix des billets. Interrogé sur la nouvelle tarification promotionnelle annoncée dernièrement par Aigle Azur, M. Maghlaoui a désigné du doigt Air Algérie qui n'investit pas assez dans la communication puisque c'est elle, selon lui, qui a été la première à avoir lancé une telle opération, mais sans faire de bruit. Concernant le secteur du transport routier, le ministre a déploré une certaine anarchie qui y règne et qui est “le résultat d'une ouverture non maîtrisée”. Chiffres à l'appui, il a assuré que le parc de transport des voyageurs est fort de 57 000 véhicules détenus par 46 000 opérateurs privés. Soit 1,2 véhicule par opérateur. Ils assurent le transport de 1,7 million de voyageurs. Aussi a-t-il jugé nécessaire de garder intact ce bel investissement tout en mettant en application une “industrie du réseau”, c'est-à-dire le regroupement de plusieurs propriétaires de microbus en associations. Une telle formule sera concrétisée avec l'entrée en vigueur du prochain plan 2005-2009. Idem pour les chauffeurs de taxi que M. Maghlaoui a invités à prendre l'exemple de radio-taxi pour se constituer en coopératives. Pour ce qui est de la vétusté du parc auto, le ministre a déclaré qu'à partir du 30 avril le contrôle technique des véhicules sera généralisé. Pour ce qui est de la pose sauvage de ralentisseurs, il a indiqué que dorénavant aucun dos-d'âne ne sera mis sans l'autorisation expresse du wali. Quant au secteur ferroviaire, M. Maghlaoui a déploré sa dégradation. Mais il a exprimé la volonté de l'Etat à mettre en œuvre un programme de réhabilitation de l'ensemble des chemins de fer pour permettre à la SNTF de jouer pleinement son rôle. Concernant le transport maritime, le ministre a exprimé son regret que la Cnan ne participe qu'à raison de 10% du transport national, alors que 95% des échanges de l'Algérie se font par voie maritime. Bien plus à l'horizon 2015, pas moins de 268 millions de tonnes de marchandises transiteront par le port. Aussi le ministre a-t-il plaidé pour l'amélioration du rendement des ports algériens tout en accompagnant la Cnan dans le renouvellement de sa flotte pour lui permettre de récupérer la plus grande partie du fret national. L'annonce est aussi faite de la prochaine mise en concession des terminaux de conteneurs et de blé. Ainsi donc, au-delà du constat critique qu'il a fait de son secteur, M. Maghlaoui a dessiné les contours de la nouvelle politique qu'il compte lui imprimer. Economie de marché oblige, il a indiqué : “Nous allons à la privatisation pour l'ensemble des segments du transport. Il y a ceux qui seront ouverts à la concurrence totale et d'autres à la concurrence régulée.” Et pour permettre à l'Etat de jouer son rôle de régulateur, des autorités de régulation seront créées. A. C.