Cette 8e édition du Festival culturel international de musique symphonique a un goût spécial. Un goût du raffiné rehaussé par le fait qu'il se tienne dans ce bel édifice nouvellement construit : l'Opéra d'Alger, baptisé au nom de l'illustre homme de culture, le défunt Boualem Bessaïh. Nombreux étaient les présents en cette somptueuse soirée inaugurale, le 30 novembre, qui a fait vibrer les murs de l'enceinte. Des vibrations symphoniques certes, mais aussi de l'émotion et des hommages. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a d'abord tenu en ouverture à rendre hommage et à présenter ses condoléances suite au décès du chantre de la musique chaâbi, le regretté Amar Ezzahi qui vient de nous quitter mercredi dernier, et à demander également une pensée pour le défunt président ami de l'Algérie Fidel Castro. Cette 8e édition s'est voulue aussi dédiée à des artistes de talent qui ont marqué de leur empreinte la musique aussi bien en Algérie que dans le monde. Il s'agit de Tayssir Akla, compositeur syrien ayant vécu longtemps en Algérie et dirigé l'orchestre de la Radio algérienne dans les années 70, Mahboub Bati, Ennio Morricone et Miriam Makeba, d'illustres noms que l'histoire mémorisera à jamais. Qui de nous ne connaît pas ou ne chantonne pas Thawrat el Ahrar, Ah ya entya, Ana hourra fil Jazaïr, Hakmet ; qui pourrait oublier la musique du générique du film culte La Bataille d'Alger qui nous a marqués tous et continue. Les talentueux musiciens de l'orchestre symphonique ont excellé dans l'interprétation de ces morceaux, arrangés par H. Bouifrou, pour s'attaquer ensuite à la musique du virtuose Mozart en jouant à merveille Les Noces de Figaro, La flute enchantée, Don Gionvanni, puis Veuve Joyeuse de Lehar, Orphée aux enfers d'Offenbach, Les Préludes de Liszt, somptueusement interprétés par la voix majestueuse de la Soprano algérienne Amel Brahim-Djelloul au summum de sa prestance et de sa grâce, en duo, avec l'artiste français, non moins talentueux, Thomas Dolié, un baryton à la carrière prometteuse. Un duo de choc qui a ému l'assistance captivée par le talent de ces jeunes artistes guidés d'une main de maître, celle du maestro Amine Kouider, qui n'est plus à présenter et dont les capacités artistiques et la baguette "magique" ont atteint la notoriété mondiale. Une baguette on ne peut plus magique puisqu'elle a fait de Mozart un artiste "algérien", un musicien arabe, en lui rajoutant des instruments nouveaux et en tintant sa 40e symphonie de sons algériens et de musicalité orientale. "D'habitude, dira le chef d'orchestre Amine Kouider, on joue des morceaux algériens auxquels on donne une touche classique, cette fois-ci, on fera l'inverse : on algérianise le classique, que Mozart ait pitié de nous du fond de sa tombe..." Hacène Benalioua Belkacem au ud et Ryad Boualem au luth ont été pour beaucoup dans cette belle prouesse réussie qui les a fait mériter un trophée et de longs applaudissements du public, ainsi que les deux interprètes et chef d'orchestre, également récompensés pour cette belle soirée. Une soirée, en somme, qui a prouvé une fois de plus que la musique est universelle, que les sonorités peuvent être plurielles, mais que leur influence reste éternelle. A noter que le festival se poursuit jusqu'à demain, les tickets sont disponibles à l'Institut de musique d'Alger, et à l'Opéra (prix 300 DA). Samira Bendris