Amar Bendjama, ambassadeur d'Algérie à Paris, a bel et bien été démis de ses fonctions. La délivrance de visas à des invités du Forum africain sur l'investissement, qui n'étaient pas les bienvenus, est la raison principale qui a conduit à son limogeage. Il estime, pour sa part, avoir accompli convenablement son travail, en respectant les procédures et en faisant valider la liste des participants par sa hiérarchie, au ministère des Affaires étrangères, à Alger. On ne sait pas précisément quelles sont les personnes qui ne devaient pas faire partie de la délégation parisienne à la rencontre organisée par le Forum des chefs d'entreprise. Mais on soupçonne l'un d'eux, Constand Nemal, directeur général de la chaîne Africa 24 (domiciliée à Paris), d'avoir courroucé le MAE en se moquant publiquement d'une de ses fonctionnaires, en charge de la modération des travaux du forum. Il l'avait notamment, comme le président du FCE d'ailleurs, rendue responsable du cafouillage survenu dans l'ordre de passage des orateurs à l'inauguration du forum. Cet incident protocolaire avait, pour rappel, provoqué le départ précipité du Premier ministre et des membres de son gouvernement dont le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui devait, semble-t-il, prendre la parole avant Ali Haddad. Ce méli-mélo et l'attitude outrancière du directeur d'Africa 24 peuvent-ils néanmoins justifier la sanction d'un ambassadeur ? La tête qui devait tomber était-elle nécessairement celle d'Amar Bendjama, surtout qu'il n'a manifestement pas grand-chose à se reprocher ? À l'ambassade d'Algérie à Paris, on tente de minimiser l'ampleur de son départ précipité estimant qu'aucun ambassadeur n'est éternel à son poste. "Certains restent quelques mois, d'autres des années", nous dit-on. Réfutant le motif de la "faute grave", qui explique le rappel de Bendjama, on estime, par ailleurs, qu'il s'agit d'un homme d'une très grande expérience et qui connaît parfaitement son travail. Jusque-là, en effet, ce diplomate de longue carrière (ambassadeur en Belgique, au Brésil, au Royaume-Uni... et ancien secrétaire général des AE) semble avoir donné totale satisfaction à sa hiérarchie. Il avait été nommé à Paris en 2013, en remplacement de Missoum Sbih, un proche du président Abdelaziz Bouteflika qui a occupé le même poste pendant huit ans. Son arrivée dans une chancellerie aussi névralgique devait servir à consolider les relations entre l'Algérie et la France, mises à mal par les querelles sur la mémoire. Mais il est évident aujourd'hui que Bendjamaâ n'est plus en odeur de sainteté. En attendant son remplacement, il devra continuer à assumer ses missions, comme à l'accoutumée. D'ailleurs, aucun changement n'est prévu pour le moment dans son agenda. S. L.-K.