Face à la situation sécuritaire prévalant en Tunisie depuis la multiplication des actes terroristes, Tunis a décidé l'augmentation du budget militaire, l'acquisition de systèmes d'armement et des équipements appropriés aux besoins de la lutte contre ce fléau. La Tunisie a procédé cette année à une révision profonde de sa stratégie de défense pour faire face au terrorisme, rendue nécessaire par les changements géostratégiques dans la région, a indiqué l'attaché militaire adjoint, le colonel Abderrahim Makri, au cours d'un forum sur les relations américano-méditerranéennes organisé par le think tank américain Center for transatlantic relations. Selon lui, "une étape charnière a commencé cette année qui a nécessité une révision majeure de notre doctrine de défense". S'exprimant au cours d'un débat sur la sécurité et la coopération militaire en Méditerranée, l'officier tunisien a précisé que la nouvelle doctrine "se focalisait essentiellement sur l'acquisition des équipements pour s'adapter aux changements résultant de la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays". La même source a expliqué que la nouvelle révision est "compatible avec les changements géostratégiques intervenus dans la région et sur la scène internationale". Soulignant que les mesures futures du gouvernement tunisien porteront, entre autres, sur l'augmentation du budget militaire, l'acquisition de systèmes d'armement et des équipements appropriés aux besoins de la lutte contre le terrorisme, le colonel Abderrahim Makri a précisé que l'effort sera axé sur "le renforcement du système de renseignement tunisien qui se fera en coordination avec des pays amis". L'attaché militaire adjoint de l'ambassade de Tunisie à Washington a insisté sur la coopération militaire avec l'Algérie, qui est selon lui "étroite et effective", car a-t-il ajouté : "Il y a une vision partagée, selon laquelle la sécurité d'un pays est partie (intégrante) de la sécurité de l'autre." Il a rappelé que la Tunisie, menacée par l'essor des groupes terroristes responsables de plusieurs attaques contre les forces tunisiennes, fait face actuellement aux risques d'infiltration terroriste et de la prolifération des armes, tout en relevant que son pays "ne pouvait faire face seul à cette multitude de défis". Sur la question des nombreux Tunisiens recrutés par l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique, l'officier tunisien a affirmé qu'ils n'ont pas encore trouvé l'environnement propice pour revenir en Tunisie, tout en reconnaissant que les conditions sociales difficiles pourraient inciter certains jeunes Tunisiens à rejoindre les groupes terroristes. "Nous pensons positivement : ce nombre important de Tunisiens recrutés par Daech n'ont pas encore trouvé l'environnement (propice) en Tunisie pour y revenir", a-t-il soutenu. Quant à la coopération militaire entre les Etats-Unis et la Tunisie, Abderrahim Makri a indiqué qu'elle portait essentiellement sur la formation. Il a par ailleurs mis en exergue le fait que le statut d'allié majeur non membre de l'Otan accordé par Washington à la Tunisie lui permet d'accéder à une coopération militaire renforcée avec les Etats-Unis, notamment dans le développement et l'achat d'armement. Pour rappel, les Etats-Unis ont octroyé près de 250 millions de dollars en assistance sécuritaire à la Tunisie depuis la chute de l'ancien régime en 2011 pour l'aider à faire face à l'essor des groupes terroristes, selon des chiffres révélés en mai dernier par le département d'Etat américain. Le Pentagone avait également déployé des drones de surveillance en Tunisie qui ont mené des missions de reconnaissance en Libye pendant plusieurs mois. Merzak Tigrine