Le secrétariat national du parti s'est réuni, hier, pour se prononcer sur la dissolution des assemblées locales. En attendant l'aval de Aït Ahmed, la tendance était, hier, favorable au dialogue assorti de conditions, dont un débat télévisé avec le Chef du gouvernement. Maintenant qu'il est presque acquis que les assemblées communales seront dissoutes en Kabylie, le Front des forces socialistes (FFS), parti majoritaire, n'entend pas se laisser faire face à ce qu'il qualifie “d'une véritable stratégie destinée à évincer le parti”. Réuni hier à Alger, l'état-major du parti, en l'occurrence le secrétariat national, s'est penché durant de longues heures sur la démarche à adopter et les réponses qu'il convient d'apporter à ce que beaucoup considèrent au sein même du plus vieux parti d'opposition comme un “coup de force”. Même si une réponse définitive n'a pas été arrêtée, il reste que la tendance est favorable au dialogue, à se fier à certaines indiscrétions. Un dialogue qui s'apparente cependant à un véritable défi puisque le FFS n'en demande pas moins qu'un “face-à-face en direct avec Ouyahia à l'ENTV”. Autant dire qu'il est presque impossible. Cela dit, certains membres, dont les intentions rejoignent visiblement le chef charismatique Hocine Aït Ahmed, restent farouchement hostiles à toute idée de prise de contact avec les autorités. Mais qu'à cela ne tienne, au parti on n'entend pas se laisser emprisonner “dans un calendrier” et on se donne toute latitude pour préparer la riposte appropriée et démonter par des arguments imparables cette entreprise de l'Exécutif qui “n'a aucun droit du point de vue de droit”. Dans ce contexte, on n'exclut pas de tenir à témoin l'opinion nationale et internationale sur les violations des lois par l'Exécutif. “Il faut d'abord révoquer les magistrats qui ont validé les élections pendant qu'Ouyahia était ministre de la Justice”, explique-t-on. Mais au-delà des aspects juridiques, le FFS explore aussi les enjeux qui entourent cette subite volonté de recourir à la dissolution. “Il faut noter la double tonalité du discours entre Ouyahia et Belkhadem et surtout la confusion qui existe entre leurs fonctions institutionnelles et leurs fonctions de secrétaire général de partis politiques. Les seuls points en commun entre eux, c'est qu'ils sont issus de coups d'Etat dont ils font une culture pour gérer les institutions”, soutient-on. C'est pourquoi, aux yeux de certains membres de la direction, à l'image de Karim Tabbou, secrétaire national à la communication et à l'information, “la dissolutions des APC contient des relents politiciens et machiavéliques”. Selon lui, “il y a une stratégie visant à évincer le FFS du vrai débat politique au moment où les décideurs s'apprêtent à vendre l'Algérie via la loi sur les hydrocarbures”. “Il y a une intention clairement affichée d'enclencher une nouvelle décennie noire qu'on veut concocter sur le dos de la Kabylie”, ajoute-t-il. Sur un autre registre, il soutient qu'il y a une volonté de reconfigurer la scène politique dans la région en faisant émerger des clientèles épousées à la mafia locale en pratiquant la corruption à grande échelle. Dans ce contexte, la défiscalisation confiée aux archs est une stratégie destinée, selon lui, à faire le maximum de recrutements autour de cette structure, laquelle se verra confier demain la gestion du budget spécial Kabylie que le pouvoir entend annoncer pompeusement. Enfin, derrière la dissolution se cache la volonté de discréditer l'acte de vote et du politique sans compter la volonté de ghettoïser le débat et pousser les citoyens et les militants du parti à l'extrémisme. C'est dire qu'au regard de ces lectures, la partie s'annonce serrée entre le FFS et les autorités. Pour autant, quelle que soit l'option que le parti aura à retenir, celle-ci doit d'abord recueillir l'aval du chef charismatique Hocine Aït Ahmed, dont la méfiance à l'égard du régime reste légendaire. K. K.