Le Parti des travailleurs a menacé de se retirer de ces joutes électorales si le gouvernement ne s'engage pas à assurer une totale neutralité de l'Armée, de l'administration et des ministres du gouvernement Sellal. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a annoncé hier, à l'issue de la première session du Comité central (CC) de 2017, et qui s'est déroulée à l'Office du village des artistes de Zéralda, que son parti ira aux prochaines élections législatives pour, dit-elle, "changer les choses, bousculer le diktat et l'ordre établi par la majorité parlementaire et contribuer à une véritable rupture avec le pouvoir actuel". Cette décision, par ailleurs, prise par la majorité écrasante du CC, est motivée, selon Mme Hanoune, par "les revendications de la majorité populaire, que le PT devra porter pour barrer la route au despotisme d'un gouvernement autiste et deux partis (FLN et RND, ndlr) qui dictent leurs démarches tous azimuts au Parlement". Cela étant, Mme Hanoune a annoncé que "la première session du CC restera ouverte à d'éventuels changements qui pourraient survenir dans les prochains jours". Dans une longue déclaration, la patronne du PT a menacé de recourir au retrait de son parti de ce scrutin en cas d'absence de garanties du gouvernement ou de réponses aux interrogations formulées par le CC. "Nous n'allons pas cautionner un autre hold-up politique. Si ces élections viennent à présenter un danger pour l'Algérie, on ne se présentera pas. Le CC se demande s'il y a une réelle volonté politique de changer les choses. Aussi, on se demande si ces élections se dérouleront dans la transparence et si des garanties seront fournies aux participants concernant les listes électorales et les voies de recours. Aussi, on s'interroge sur ce qu'il adviendra de la Haute instance chargée de la surveillance des élections. Les élections législatives sont devenues un exercice dangereux. Le président Bouteflika doit donner davantage de garanties". Accusant ouvertement le FLN, le RND et, un peu moins, l'Armée, de donner des directives dans le choix des candidats, Mme Hanoune estime que "ces parties ont toujours créé une majorité virtuelle pour accaparer le pouvoir. Notre engagement dans ce scrutin n'est pas une fin en soi. Le gouvernement doit cesser les pressions sur les ministres. Ces derniers sont sommés, à chaque scrutin, de jouer un rôle, au même titre que l'administration, dans les élections au profit de la même majorité. Aussi, le gouvernement doit nous garantir que cette joute électorale ne sera pas un duplicata des précédentes élections où l'argent et la corruption avaient dominé". Et d'avertir : "Il faut que le gouvernement sache une chose : l'état d'esprit qui va prévaloir à la veille de ces élections comptera beaucoup. On risque d'aller vers un taux d'abstention massif de la jeunesse et vers l'anarchie et le chaos. Il faut que que ce gouvernement sache que l'état d'esprit actuel est similaire à celui qui a prévalu en Syrie avant que les choses ne dégénèrent. Au risque de me répéter, on exige une totale neutralité de l'Armée, des partis majoritaires au pouvoir, de l'administration et des ministres qui siègent dans l'actuel gouvernement. Qu'ils cessent, en un mot, de transgresser la Constitution ! Et que ce gouvernement sache que nous n'irons pas à ces élections en spectateurs". Du reste, Mme Hanoune a, encore une fois, lancé un avertissement au gouvernement Sellal, estimant qu'"il pourrait y avoir une étincelle à n'importe quel moment s'il ne prenait pas au sérieux les revendications de la jeunesse et des travailleurs opprimés par ses politiques assassines". FARID BELGACEM