«Les prochaines élections constituent un tournant important dans la vie du pays» Le peu d'engouement des partis politiques pour le rendez-vous électoral du 29 novembre prochain est un mauvais signe pour le PT. Les élections législatives du 10 mai dernier semblent avoir beaucoup marqué le Parti des travailleurs qui redoute un scénario analogue lors des prochaines municipales. En conclave durant deux jours dans la ville touristique de Zéralda, les membres du comité central sont revenus sur ce scrutin et sur les résultats qui l'ont sanctionné, accusant le FLN et le RND d'avoir détourné, à leur profit, des centaines de milliers de voix, avec la complicité de l'administration. «Les élections législatives du 10 mai ont été entachées par de nombreuses irrégularités qui ont profité essentiellement au FLN et au RND. Partout, le PT a terminé en tête, mais le détournement des voix au profit de ces deux formations a fait perdre à notre parti un nombre incalculable de sièges», a déclaré, hier, Louisa Hanoune, en marge des travaux du CC. Qualifiant ces élections de triste épisode, la présidente du PT dit s'en remettre aux membres de son comité central qui décideront de la participation ou non du parti aux élections communales et de wilaya, prévues pour le 29 novembre prochain. «Les prochaines élections constituent un tournant important dans la vie du pays. Cela fait des mois que nous les préparons, mais nous n'avons pas encore pris de décision quant à notre participation. Tout se décidera à l'issue des travaux du comité central qui étudiera la situation, en pesant le pour et le contre, avant de faire connaître sa position.» Se disant très inquiète quant au peu d'engouement qu'elles suscitent auprès des citoyens, Louisa Hanoune en appelle au président de la République pour qu'il intervienne et donne des garanties concernant l'organisation du scrutin. Usant de la métaphore «chat échaudé craint l'eau froide», la conférencière trouve normal le manque d'engouement des citoyens qui en ont marre, dit-elle, des tricheries et des promesses non tenues. «La mise à jour du fichier électoral, l'assainissement des listes pour éviter que des électeurs ne soient portés sur plusieurs registres, l'arrêt du processus d'attribution d'agrément à des partis qui ne représentent qu'eux-mêmes, sont indispensables et peuvent susciter un meilleur engouement de la part des électeurs», a-t-elle souligné. Revenant sur les élections de 2007 qui ont vu le PT se présenter dans près de 1000 APC, Louisa Hanoune est persuadée que son parti est sur une trajectoire ascendante et que si les élections du 29 novembre sont transparentes et ne sont pas entachées d'irrégularités et si le CC donne son feu vert, le Parti des travailleurs en serait le grand vainqueur. Adepte des formules chocs et analysant la crise interne qui secoue présentement les partis au pouvoir, la dame de fer parle de chat qui se mord la queue, allusion au nomadisme politique et aux défections en cascade d'élus du FLN et du RND qui ont rejoint d'autres formations politiques. «Ces partis se sont fait hara-kiri, en refusant d'amender le texte de loi relatif au nomadisme politique. A la longue, il s'est retourné contre eux.» Louisa Hanoune a abordé, ensuite, les questions brûlantes de l'actualité nationale et internationale. Selon elle, le nouveau gouvernement ne diffère pas beaucoup de l'ancien parce qu'il n'a pas en son sein de véritables technocrates capables de répondre aux préoccupations des citoyens et relancer la machine économique. «Nous ne nous reconnaissons pas dans ce gouvernement. De même que nous refusons les concessions faites aux investisseurs étrangers afin, soi-disant, de les inciter à venir investir chez nous.» Pointant un doigt accusateur en direction du FCE, Louisa Hanoune est convaincue qu'il défend les intérêts des patrons étrangers. «Nous sommes contre la révision de la loi sur les hydrocarbures ainsi que celle relative à la suppression ou réduction de certaines taxes pour drainer les investisseurs étrangers», a-t-elle martelé. Irritée par les problèmes auxquels est confronté, actuellement, le secteur de l'éducation, Mme Hanoune plaide pour un plan Orsec pour sauver les 8.300.000 élèves et extirper l'Ecole algérienne des griffes de ceux qui s'opposent à son essor. Idem concernant l'université qui, selon elle, est une bombe à retardement en raison des multiples problèmes qu'elle vit, particulièrement, ces dernières années. La question de la Syrie et la sécurisation de nos frontières ont été, aussi, abordées par Louisa Hanoune qui pense que l'Algérie est toujours menacée en raison de ses positions courageuses et de l'intérêt qu'elle porte aux causes justes et aux pays qui luttent pour recouvrer leur liberté.