L'organisation de cette manifestation scientifique est venue apporter une visibilité plus grande à la mise en place du premier SMUR en Algérie. "Nous souhaitons et nous demandons qu'il y ait un statut d'urgentiste comme, par exemple, en France... Un urgentiste travaille plus que les autres aux urgences." C'est là l'une des revendications de nos interlocuteurs, en marge de la "première journée internationale de médecine d'urgence" qui s'est tenue samedi à l'EHU d'Oran, en présence de plusieurs experts et invités nationaux et de France. Cette rencontre, portant sur la médecine d'urgence, avec des ateliers et des sessions sur les urgences neuro-vasculaires, cardiovasculaires ou encore neuro-réanimation, revêt également un caractère de formation au profit des personnels de santé. L'organisation de cette manifestation scientifique est venue apporter une visibilité plus grande à la mise en place du premier SMUR en Algérie, à l'EHU 1er-Novembre, avec l'appui de spécialistes français du SAMU de Paris, dont plusieurs membres ont animé des conférences à l'occasion. Un SMUR est un service hospitalier disposant de plusieurs ambulances médicalisées et qui, avec une équipe médicale, est amené à apporter des soins d'urgence en dehors du centre hospitalier. D'où l'importance de la mise en place d'une médecine d'urgence, prévoir son organisation, la coordination, soit un système de soins indispensable dans la prise en charge de la population. "Une urgence c'est très important, car il y a danger de mort, il faut pouvoir intervenir le plus rapidement et poser le pronostic vital. Mais pour cela il faut des compétences, des ressources humaines et des équipements aux normes", expliquera justement Pr Boubakeur de l'EHU. Et c'est encore cette question des ressources humaines qui sera au centre des interventions avec les membres du SAMU de Paris, évoquant l'approche psychologique aussi dans l'accueil des patients et de la famille, et cela en plus des compétences médicales classiques. Ainsi, Dr Badsi de l'EHU, en abordant cette question de la formation, souhaiterait la mise en place en Algérie d'un diplôme d'études spécialité en urgence comme pour toutes les autres spécialités, précisera notre interlocutrice. Plus loin, cette dernière évoquera la mise en place du SMUR à l'EHU opérationnel depuis le 5 janvier, avec la formation de 16 médecins urgentistes équipés d'une ambulance opérationnelle. "Nous sommes là justement pour former les médecins, organiser et coordonner ce service. On a recruté 16 urgentistes formés en neuro-vasculaire, en cardio et réanimation par des experts français. Les médecins urgentistes ont fait des formations comment entuber ou déchoquer, c'est très important." Si ce sont les experts du SAMU et du SMUR français qui ont participé à la mise en place du SMUR algérien, c'est que le modèle français du système pré-hospitalier a été retenu, soit une intervention sur place avant l'évacuation, et qui est différent du modèle américain par exemple. Si jusqu'ici le SMUR de l'EHU a effectué 10 sorties, les urgences médicales restent la vitrine de la santé dans tout pays. Et sur ce point, c'est l'un des membres du syndicat des praticiens privés, neurologue de formation, qui nous dira sans langue de bois que "les urgences ne cessent d'augmenter de jour en jour parce qu'on ne prend pas en charge le malade tout à fait au début, il faut avant toute chose une réelle politique de santé et de prévention et une éducation sanitaire de la population. On attend toujours jusqu'à ce que le malade soit dans un état critique... Il n'y a pas de politique de santé dans notre pays tout comme il n'y a pas de gratuité de soins". D. LOUKIL