Profitant de la conjoncture qui leur est favorable pour renégocier à la baisse leurs contrats, les majors gaziers veulent faire plier la Sonatrach, qui reçoit ces dernières années des demandes insistantes de ses clients pour baisser les prix du gaz livré par gazoducs. Les clients européens demandent d'adosser les contrats d'approvisionnement, traditionnellement indexés sur les prix de pétrole sur le marché spot. Et dans les contentieux sur les prix du gaz, Sonatrach a été des fois gagnante et des fois perdante, mais plus perdante que gagnante. Même si les contrats sont bien ficelés, accordant des droits à la Sonatrach, ils incluent malheureusement une clause admissible sur le marché de l'énergie et chez tous les partenaires, qui consiste à revoir les prix lorsqu'il y a bouleversement des marchés comme c'est le cas actuellement. Il est donc difficile pour l'Algérie de préserver les prix du gaz dans ce contexte de crise économique qui affecte aussi bien la demande que les prix. En 2010, dans un contexte haussier du prix du gaz, Sonatrach l'avait remporté dans l'arbitrage qui l'avait opposé à l'espagnol Gas Natural Fenosa sur le prix du gaz livré à l'Espagne à travers le gazoduc GME. Ce contentieux remontait à juillet 2007 lorsque Sonatrach avait fait valoir au moment de renégocier l'accord de la clause qui lui permettait d'aligner ce prix sur celui pratiqué sur le marché international. En 2013, dans un tout autre contexte marqué par une tendance à la baisse des prix du gaz, le groupe national a été débouté par la Chambre de commerce internationale dans le contentieux sur le prix du gaz l'opposant à l'italien Edison. Sonatrach a perdu cet arbitrage à cause justement de la clause dite de bouleversement, prévue par le contrat de vente de gaz à Edison et qui prévoyait une révision à la baisse lorsqu'il y a changement des conditions économiques. Dans ce contexte, il n'y avait pas qu'Edison qui a demandé à revoir les prix, il y avait aussi ENI et GNF (Gas Natural Fenosa). La problématique du prix du gaz est étroitement liée aux contrats long terme. Cette cascade de litiges sur le prix du gaz à laquelle fait face Sonatrach pourrait être interprétée comme des pressions pour pousser Sonatrach à abandonner les contrats à long terme. En effet, les acheteurs européens de gaz veulent imposer, par le recours à la négociation et à l'arbitrage, une baisse des prix, l'abandon de l'indexation sur les prix du pétrole et l'alignement sur les prix spot. Selon Nazim Zouiouiche, ancien PDG de Sonatrach, les acheteurs du gaz algérien plaident pour l'abandon des contrats long terme, notamment les take or pay. Dans ce contexte Nazim Zouiouiche souligne que la compagnie nationale devra être pragmatique dans ses négociations avec ses partenaires acheteurs. Les négociateurs de Sonatrach doivent s'adapter à la situation induite par la concurrence que subit la compagnie nationale de la part du Qatar, la Russie et le gaz américain sur son marché gazier, situé dans le sud de l'Europe. S. S.