L'Algérie célébrera le centenaire de l'illustre chercheur et écrivain Mouloud Mammeri, durant toute l'année 2017, à travers d'intenses activités culturelles dédiées à la mémoire de cet "amusnaw" (intellectuel) d'exception. Le coup d'envoi du "centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri" a été donné avant-hier par le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, depuis Taourirt Mimoune, cette fameuse "colline oubliée" perchée dans sa région natale des Ath Yenni. Suite à l'ouverture officielle de cet événement de grande envergure, le ministre de la Culture a animé un point de presse au théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou. À cette occasion, il a annoncé que "le programme des activités sera piloté par un comité scientifique de coordination du centenaire de Mouloud Mammeri". Selon les membres de ce comité scientifique, "l'heureuse initiative de célébrer tout au long de cette année le centenaire de la naissance de Dda Lmulud ne saurait évidemment être une forme de reconnaissance posthume, car Da Lmulud fut pleinement en phase et en interaction avec les aspirations et les combats de son pays et de son temps", ont-ils indiqué. Et d'ajouter : "À travers son parcours, ses écrits et ses engagements, il a inspiré et amorcé de son vivant des transformations et des avancées majeures pour sa société, léguant aux générations montantes l'inextinguible flambeau de l'affirmation culturelle." Le comité a entre autres souligné : "Ce siècle qui marque sa naissance se doit d'être signalé avec éclat en reconnaissance de l'immensité du rude chantier que Mouloud Mammeri a ouvert voici plus d'un siècle, sans pour autant occulter l'énergie qu'il a déployée au profit de tamazight déjà avant l'indépendance." Il est à rappeler que le lancement de ce centenaire a été marqué par une cérémonie de dépôt d'une gerbe de fleurs sur la tombe de Mammeri à Ath Yenni, par le ministre de la Culture, accompagné d'une importante délégation et par de nombreux amis et anonymes et durant laquelle le réalisateur Ahmed Rachedi a rappelé son admiration et sa grande amitié avec Mammeri. "Mammeri est un ami et un frère. Il était préoccupé par la mémoire. Il disait qu'en recouvrant notre indépendance, nous avions enfin une identité, mais pas encore de visage. Parce que, longuement et méthodiquement, on nous a poussés à l'oubli de nous-mêmes et quelquefois même au mépris de nous-mêmes", a précisé le réalisateur. Et de conclure : "Mammeri était préoccupé par l'idée que les intellectuels algériens devaient travailler et aller à la longue quête du passé, pour recomposer justement ce visage et enfin dire que nous avons reconquis notre identité." De son côté, le directeur du CNRPAH, Slimane Hachi, affirmera que "l'Algérie moderne, l'Algérie qui s'enracine est une partie de ce personnage qui a été un pionnier, et les pionniers sont ceux qui ont raison. On ne peut pas lui reprocher d'avoir raison avant tout le monde. Aujourd'hui, le patrimoine a sa place dans la Constitution algérienne, ce qui résulte d'un long travail entrepris durant de longues années par des gens d'envergure comme Mouloud Mammeri". Slimane Hachi témoignera aussi que "Mammeri faisait partie des pionniers qui ont travaillé pour la valorisation du patrimoine culturel algérien, parce qu'il était convaincu que ce patrimoine était le socle de l'unité nationale. Le centre qu'il a dirigé et que j'ai l'honneur d'animer actuellement va organiser, en décembre, un grand colloque international sur Mouloud Mammeri qui aura le format d'un congrès et ce sera donc l'occasion de revisiter toute son œuvre et de baptiser le centre en tant qu'institut Mouloud-Mammeri". Enfin, il est à noter que de nombreuses conférences ont été organisées à la Maison de la culture de Tizi Ouzou et à Ath Yenni, à l'occasion du 28e anniversaire de son décès, survenu le 28 février 1989. Des étudiants du département de langue française de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou ont subjugué, mardi soir, le public du théâtre régional Kateb Yacine en jouant la fameuse pièce de Mammeri Le Foehn et la preuve par neuf, avec une belle mise en scène de Lyès Mokrab. K. Tighilt