Leur parcours universitaire, même brillant, ne leur garantit pas le droit de séjour en France. Comme tous les étrangers en situation irrégulière, ils font couramment l'objet de procédures d'expulsion. Un étudiant algérien, encore un, a failli être expulsé de France à la fin du mois de février. Adel N., inscrit en licence des arts du spectacle et du cinéma à l'université de Paris 8, a été arrêté au cours d'une opération de contrôle d'identité, dans le quartier de Barbès. Ne disposant pas d'un titre de séjour régulier, il a été mis en garde à vue, puis transféré dans un centre de rétention administrative à Vincennes, en vue de son renvoi en Algérie. Une procédure accélérée d'expulsion a été demandée par le juge, alors qu'Adel s'apprêtait à passer les examens du second semestre. Il a été finalement sauvé grâce à la mobilisation des syndicats étudiants menée par l'UEAF (Union des étudiants algériens de France), l'Unef (Union des étudiants de France) et le Rusf (Réseau des Universités sans frontières), qui ont lancé une pétition de soutien et ont demandé à la préfecture de lui octroyer un recours gracieux. Moins d'une semaine après son interpellation, Adel a quitté le centre de rétention, accueilli par ses camarades en liesse. Dans son cas, la galère n'est pas finie pour autant, car il doit convaincre les autorités préfectorales de le laisser poursuivre ses études, en justifiant par tous les moyens possibles qu'il mérite de rester en France. Son assiduité pourrait lui servir d'atout. Mais rien n'est encore gagné. Dans l'Hexagone, les lois sont muettes. Les sans-papiers sont tous logés à la même enseigne, même s'ils sont détenteurs d'une carte d'étudiant et font des études brillantes. Mohamed l'a appris à ses dépens lorsqu'il a décidé de quitter l'Algérie avec un visa touriste, pour s'inscrire à l'université, en France. N'étant pas passé par Campus France (Agence française pour la promotion de l'enseignement supérieur, l'accueil et la mobilité internationale), il pensait naïvement pouvoir obtenir un titre de séjour en étant muni d'une attestation d'inscription. Or, les choses ne sont pas si simples. Depuis son installation dans le pays en novembre 2015 (après deux tentatives infructueuses), il vit toujours dans la clandestinité, sans domicile fixe et dans le dénuement. "C'est une aventure continue", dit-il en décrivant son quotidien. Etudiant en histoire-géographie à la Sorbonne, Mohamed doit faire toutes sortes de petits boulots pour survivre. "Je prends les bus de nuit pour aller quémander du travail très tôt sur les marchés", fait-il savoir. En décembre dernier, le jeune homme a pu, néanmoins, décrocher un rendez-vous à la préfecture. Il s'est présenté au service des étrangers muni de tous les documents qui prouvent sa scolarité et son assiduité aux études. Il a emporté avec lui, également, un document attestant qu'il a été élu à l'Unité de formation et de recherche (UFR) de son département, un privilège octroyé aux étudiants les plus brillants et les plus impliqués dans la vie sur le campus. Mais rien n'y fit. "On m'a reçu sans aucune considération. Je dois me présenter à un nouvel entretien en avril. On verra ce qui se passera", dit Mohamed, sans grandes illusions. En dépit de la précarité de sa situation, il exclut de retourner en Algérie où il avait pourtant commencé son parcours universitaire. "Il y a trop d'injustice là-bas", observe celui qui fut un temps militant syndical, avant son exil. En France où il s'est rapproché de l'UEAF, Mohamed continue a aider des étudiants qui viennent d'Algérie. "Compte tenu de mon expérience, je demande à ceux qui sont arrivés avec des visas touristes de retourner en Algérie pour accomplir les démarches dans les normes", explique-t-il. Pour sa part, il continue à prendre son mal en patience. Si sa demande de régularisation en tant qu'étudiant est rejetée, il entend exploiter d'autres alternatives, dont le mariage avec une française. Ce recours est souvent le seul qui reste aux étudiants sans papiers. Beaucoup rasent les murs en attendant une régularisation improbable. L'été dernier, un autre étudiant algérien en licence d'anglais avait été arrêt puis transféré dans un centre de rétention. Sa libération comme celle de tant d'autres a été obtenue grâce à la mobilisation de la communauté universitaire dont les chefs d'établissement et le corps enseignant. Des collectifs ont également été mis en place, contestant aux services préfectoraux un droit de regard sur le parcours scolaire des étudiants. De Paris : Samia Lokmane-Khelil