M. Latbi est également membre élu au conseil d'administration du Crous (direction des œuvres universitaires) de Créteil. Liberté : Le gouvernement algérien renonce, du moins pour l'instant, au projet de la Maison d'Algérie officiellement pour des raisons financières. Au même moment, on vient d'apprendre que la Tunisie va construire un second bâtiment au sein de la cité U internationale. Comment réagissez-vous à cela ? Bilal Latbi : Je ne suis pas du tout surpris de cette décision. Le régime algérien n'a jamais fait de la communauté estudiantine algérienne en France sa priorité, il agit même à son encontre. En 2001, il a œuvré pour qu'une autorisation de travail soit imposée aux étudiants algériens en France. Ce renoncement est un nouvel exemple de l'échec de sa politique universitaire, en Algérie ou bien à l'international. En revanche, ce pouvoir a bien réussi à faire fuir des milliers d'étudiants et à en faire des SDF.
À quels critères les étudiants algériens doivent-ils répondre pour être logés dans la CIU et dans les autres résidences universitaires de l'Hexagone ? L'accès au logement étudiant est un problème global en France. Ce pays dispose de 600 résidences de 169 000 places pour plus de 2 millions d'étudiants. L'accès est de ce fait très sélectif. Il constitue un véritable privilège pour les Algériens, surtout que des priorités spécifiques sont accordées à d'autres catégories d'étudiants étrangers comme les boursiers gérés par Campus France et ceux relevant des programmes de mobilité européenne et des échanges interuniversitaires. Les étudiants qui ne répondent pas à ces critères peuvent tout de même faire leur demande en justifiant d'un contrat de travail indéterminé et d'un garant. Mais cela n'est pas suffisant. Ce qui justifie le nombre infime d'étudiants algériens en résidence Crous. Dans quelles conditions les étudiants algériens sont-ils actuellement logés ? Eprouvent-ils des difficultés plus que les autres, à trouver un logement, y compris chez les particuliers ? Il faut savoir qu'il n'existe aucune structure d'accueil des étudiants étrangers en France. Les étudiants étrangers et algériens en particulier se retrouvent livrés à eux-mêmes. Ils se débrouillent comme ils peuvent en faisant appel à la solidarité familiale ou amicale. Certains logent dans des hôtels ou des foyers. Les plus nantis louent un logement au Crous ou dans une résidence privée. Beaucoup plus d'étudiants font de la colocation pour réduire le coût du logement. Les étudiants algériens en France sont régis par l'accord franco-algérien de 1968, qui fixe les conditions d'entrée et de séjour des algériens dans le pays. Ils sont soumis à une autorisation pour travailler à temps partiel. La majorité sont non boursiers et sont donc obligés de trouver un emploi pour financer leurs études et se loger. Sans contrat de travail, l'étudiant algérien n'a quasiment aucune chance de louer, même chez un particulier. En votre qualité de représentant des étudiants algériens de France et du Crous, comment agissez-vous pour leur venir en aide ? L'UEAF accueille à chaque rentrée universitaire 800 nouveaux étudiants, les accompagne dans leurs démarches administratives : demandes de titre de séjour, inscriptions... et les aide à trouver un logement. Il faut savoir aussi que c'est grâce à l'UEAF que les étudiants "sans-papiers" peuvent s'inscrire et poursuivre leurs études dans les universités de Paris 6, Paris 8 et Paris 13. L'UEAF mène des campagnes de régularisation des étudiants "sans-papiers" à l'université de Paris 8 et de Paris 13. Nous avons fait régulariser plus de 300 étudiants à ce jour. Nous nous mobilisons également pour faire libérer des étudiants en rétention, évitant ainsi leur expulsion. Par ailleurs, l'UEAF dispose des permanences hebdomadaires dans chacune de ses sections locales pour aider les étudiants à régler leurs problèmes d'inscription, de séjour, de logement, d'aide sociale ou pédagogiques.
Avez-vous déjà tenté de solliciter les autorités consulaires algériennes sur cette question de logement ? L'UEAF n'a aucune relation avec le consulat. Si vous posez la question aux étudiants algériens en France, ils vous diront qu'ils sont livrés à eux-mêmes et que les autorités algériennes ne font rien pour eux. Les autorités consulaires sollicitent uniquement les étudiants lorsqu'il s'agit de prendre part à des mascarades électorales. Nous militons seuls pour que le statut des étudiants algériens en France change. Lorsque nous organisons des manifestations devant la préfecture, aucun officiel ne vient nous appuyer.