Hier, au deuxième jour de la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain, les panneaux prévus à cet effet dans la capitale sont restés quasiment tout... blancs. En effet, hormis les listes des deux partis du pouvoir, le FLN et le RND, qui sont affichées sur l'ensemble des panneaux, le reste des 17 listes, 15 formations politiques et deux listes indépendantes, en lice à dans la wilaya d'Alger, se font encore très rares. Contrairement au pouvoir qui a cassé sa tirelire pour pavoiser, depuis plusieurs jours avant le début de la campagne, tous les grands axes routiers et les quartiers de la capitale d'affiches géantes aux messages incitant les Algériens à accomplir leur devoir de vote lors de ce scrutin présenté comme un "tournant politique décisif" de l'histoire du pays, l'affichage des listes des candidats reste à présent très timide. Les listes des partis RCD, PT, FNA ou encore celles des partis islamistes fusionnés, MSP-FC et El-Adala-Ennahda-El-Bina, encore moins les listes indépendantes, se font, en effet, encore très rares sur les panneaux électoraux. En effet, de Chevalley à Bab El-Oued et de Bab El-Oued à Belcourt en passant par Alger-centre, les listes de la majorité des candidats n'apparaissent que très sporadiquement. "Ils n'ont pas besoin de gaspiller l'argent inutilement pour des affiches, car ils sont tous assurés d'avoir leurs quotas", lance ironiquement un passant devant les panneaux dressés juste en face de la Grande-Poste. Un peu plus tôt, un "militant", ou du moins un colleur figurant sur la liste du RND, s'en est pris furieusement à la photographe de Liberté pour avoir simplement vu son objectif "braqué" sur les panneaux d'affichage où il se trouvait. "Arrêtez de me photographier ! Je vous l'interdit ! (...)", s'est-il rebellé, visiblement agacé par cette tâche de coller des affiches dont il a hérité... Qu'à cela ne tienne ! Pendant ce temps, les passants ne bronchent guère. Ils affichent un désintérêt royal. Même les infortunés journalistes des médias audiovisuels dépêchés dans les rues d'Alger pour recueillir les avis des citoyens sur ces législatives, ont du mal à trouver des interlocuteurs. "SVP, Monsieur ! Voudriez-vous répondre à quelques questions au sujet des prochaines législatives ?", supplie un journaliste d'une chaîne privée. Et le passant de répliquer quasi machinalement : "Désolé, c'est un sujet qui ne me concerne pas !" Les panneaux d'affichage, à Alger, sont, par ailleurs, souvent surveillés par des policiers. Fort probablement, pour leur éviter de subir le même sort qui leur a été réservé dans la périphérie de la capitale et dans plusieurs villes de l'intérieur du pays, où les citoyens qui ne se font aucune illusion quant à ces législatives, en font au mieux la tribune idéale pour exprimer leurs réelles préoccupations. Ces panneaux factices, confectionnés de matière fragile, sont en majorité déjà saccagés. C'est dire que le désintérêt populaire est plus que jamais affiché à la veille de ces élections. Visiblement conscient, le pouvoir a mis le paquet pour mobiliser sa clientèle notamment les organisations appendices à l'instar de l'Union générale des commerçants algériens, (Ugca), laquelle a dressé dès le premier jour de la campagne un chapiteau, orné d'affiches appelant au vote, à même l'esplanade de la Grande-Poste. "Je vote ! Le vote est un devoir", tel est le slogan phare de l'Ugca dont le chapiteau, gardé par un militant fagoté comme un "baathiste" des années 80, concurrence, on ne s'est pour quel intérêt, une institution étatique ou une permanence électorale d'un parti politique. Dotée d'un matériel sonore, l'Ugca y diffuse en grands décibels et à longueur de journée des chants patriotiques tous azimuts. Un bruit sonore qui s'ajoute aux vrombissements des véhicules, comme pour agacer davantage les citoyens. Et la campagne ne fait que commencer... F. A.